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Mars 2017
Communication marketing

Rupture numérique: un monde connecté

L'internet des objets  va redessiner le paysage pour les entreprises les particuliers et l'investissement

C'est en mars 1959 à la foire du jouet de New York que naquit Barbie, mythique poupée blonde américaine de 29 centimètres.

En 2015, plus d'un demi-siècle plus tard, cette même foire révélait au grand public un nouveau prototype de Barbie, bien différent de l'original.

Baptisée «Hello Barbie», cette poupée dotée de la technologie wifi utilise l'intelligence artificielle pour se connecter à un serveur en infonuage (autrement dit dans le cloud), permettant aux enfants d'interagir avec elle via un micro et un haut-parleur intégrés à son collier.

Hello Barbie n'est qu'une des émanations du monde florissant de l'internet des objets (IdO), plate-forme d'appareils et de machines interconnectés, reposant sur l'informatique en nuage et des capteurs de réseaux.

L'IdO occupe une place toujours plus importante dans notre quotidien: il existe aujourd'hui des réfrigérateurs intelligents qui préviennent lorsque le lait vient à manquer, des appareils portables qui nous donnent des conseils de santé et d'exercice physique et des voitures connectées qui échangent entre elles des informations sur l'état du trafic.

Dans un avenir assez proche, des compteurs énergétiques ou hydrauliques intelligents, équipés de capteurs IdO, enverront aux fournisseurs des données en temps réel, qui permettront une meilleure gestion des réseaux de production ou d'approvisionnement. De leur côté, les distributeurs pourront ajuster leurs niveaux de stocks en fonction de la demande grâce aux données fournies en continu par des appareils dotés de la technologie IdO.

Et la révolution de l'IdO ne fait que commencer: le nombre d'objets connectés pourrait atteindre 50 milliards de dollars d'ici 2020 et le marché de l'IDO devrait doubler, à 3 700 milliards de dollars, d'ici la fin de la décennie1.

«C'est une opportunité formidable pour nous tous, qu’on devrait prendre très au sérieux, car on peut réellement se demander s’il existe une seule chose dans ce monde qui ne sera pas touchée par l'internet des objets», affirme Sanjay Sarma, professeur au Massachussetts Institute of Technology (MIT) et l'une des plus grandes spécialistes de l'IdO.2

Existe-t-il une seule chose dans ce monde qui ne sera pas affectée par l'internet des objets?

Sanjay Sarma, professeur au MIT

L'internet des objets va changer les règles du jeu; et les entreprises se voient d'ores et déjà contraintes d'envisager l'abandon de leurs vieux modèles d’affaires au profit de nouvelles approches.

Ce contexte de rupture devrait favoriser l'émergence de nouvelles opportunités d'investissement.

«Chaque nouvelle technologie informatique génère des revenus supérieurs à ceux des précédentes. Si cette tendance ne se dément pas, l'internet des objets est appelé à dégager des revenus plus importants encore», observe David Blaauw, professeur à l'université du Michigan.3

ESSOR DE LA TECHNOLOGIE DEPUIS LES ANNÉES 1960
A chaque nouveau cycle informatique correspond une augmentation d’env. 10 fois de la base installée par rapport au cycle précédent (1960-2030, estimation) 
ESSOR DE LA TECHNOLOGIE DEPUIS LES ANNÉES 1960
Source: Morgan Stanley Research, avril 2014

De la salle de séjour à la chaîne de montage

L'internet des objets s'est à l'origine imposé comme une technologie domotique intelligente sous la forme d'assistants personnels actionnés par intelligence artificielle et activés par la voix, tels que l'enceinte Echo d'Amazon et Google Home.4

Aujourd'hui, il s'étend aux usines, où une nouvelle génération de robots industriels intelligents exécutent des tâches répétitives, épuisantes et toujours plus complexes, sans nécessiter d'intervention humaine. De plus, ces robots connectés peuvent désormais communiquer entre eux via la technologie machine-to-machine (M2M).

Le constructeur japonais de robots Fanuc, par exemple, a développé une technologie capable de connecter les cerveaux de plus de 400 000 de robots industriels de manière à ce qu'ils puissent apprendre les uns des autres et d'ainsi améliorer la performance des chaînes de production.

Grâce à la collaboration du groupe nippon avec Cisco, Rockwell Automation (fabricant américain de systèmes d'automatisation industriels) et Preferred Networks (jeune pousse spécialisée dans l'apprentissage par machine basée à Tokyo), le réseau M2M de Fanuc permettra de renforcer l'efficacité des équipements et d'accroître la profitabilité des entreprises.

Mais Fanuc n'est pas le seul acteur dans ce domaine. Son concurrent allemand Kuka travaille pour sa part avec le groupe de télécommunications chinois Huawei pour relier ses robots industriels entre eux de façon très similaire5.

Un déploiement de l'IdO à l'échelle industrielle entraînera certainement une reconfiguration de l'activité manufacturière, ouvrant la voie à ce que les experts appellent la prochaine révolution industrielle ou l'industrie 4.0.

La première révolution industrielle, qui a commencé au Royaume-Uni au milieu du XVIIIe siècle et a vu progressivement la machine remplacer l'être humain, s'est étendue sur une centaine d'années. Mais l'industrie 4.0 devrait se développer beaucoup plus rapidement que toutes les avancées précédentes.

Selon Accenture, l'industrie 4.0 pourrait contribuer à l'économie mondiale à hauteur de 14 000 milliards de dollars au moins d'ici 2030, PwC estimant pour sa part à plus de 900 milliards de dollars les investissements qui seront consacrés chaque année aux technologies et aux entreprises liées à ce nouveau concept industriel jusqu'en 2020. Plus de la moitié des grands groupes mondiaux sondés par le consultant anticipent par ailleurs un retour sur investissement dans un délai de deux ans.

De la salle de séjour à la chaîne de montage

L'internet des objets s'est à l'origine imposé comme une technologie domotique intelligente sous la forme d'assistants personnels actionnés par intelligence artificielle et activés par la voix, tels que l'enceinte Echo d'Amazon et Google Home.4

Aujourd'hui, il s'étend aux usines, où une nouvelle génération de robots industriels intelligents exécutent des tâches répétitives, épuisantes et toujours plus complexes, sans nécessiter d'intervention humaine. De plus, ces robots connectés peuvent désormais communiquer entre eux via la technologie machine-to-machine (M2M).

Le constructeur japonais de robots Fanuc, par exemple, a développé une technologie capable de connecter les cerveaux de plus de 400 000 de robots industriels de manière à ce qu'ils puissent apprendre les uns des autres et d'ainsi améliorer la performance des chaînes de production.

Grâce à la collaboration du groupe nippon avec Cisco, Rockwell Automation (fabricant américain de systèmes d'automatisation industriels) et Preferred Networks (jeune pousse spécialisée dans l'apprentissage par machine basée à Tokyo), le réseau M2M de Fanuc permettra de renforcer l'efficacité des équipements et d'accroître la profitabilité des entreprises.

Mais Fanuc n'est pas le seul acteur dans ce domaine. Son concurrent allemand Kuka travaille pour sa part avec le groupe de télécommunications chinois Huawei pour relier ses robots industriels entre eux de façon très similaire5.

Un déploiement de l'IdO à l'échelle industrielle entraînera certainement une reconfiguration de l'activité manufacturière, ouvrant la voie à ce que les experts appellent la prochaine révolution industrielle ou l'industrie 4.0.

La première révolution industrielle, qui a commencé au Royaume-Uni au milieu du XVIIIe siècle et a vu progressivement la machine remplacer l'être humain, s'est étendue sur une centaine d'années. Mais l'industrie 4.0 devrait se développer beaucoup plus rapidement que toutes les avancées précédentes.

Selon Accenture, l'industrie 4.0 pourrait contribuer à l'économie mondiale à hauteur de 14 000 milliards de dollars au moins d'ici 2030, PwC estimant pour sa part à plus de 900 milliards de dollars les investissements qui seront consacrés chaque année aux technologies et aux entreprises liées à ce nouveau concept industriel jusqu'en 2020. Plus de la moitié des grands groupes mondiaux sondés par le consultant anticipent par ailleurs un retour sur investissement dans un délai de deux ans.

CRÉATION DE VALEUR DANS L'INDUSTRIE 4.0 
CRÉATION DE VALEUR DANS L'INDUSTRIE 4.0
Source: McKinsey, août 2016 

L'industrie 4.0 et les réseaux M2M commencent à influer sur les priorités stratégiques des industriels. Le constructeur automobile allemand Audi prévoit ainsi de développer une «usine intelligente» où les collaborateurs humains travailleront aux côtés de robots, où les pièces métalliques complexes seront produites par des imprimantes 3D et où les volants seront transportés par des drones. Audi a même testé des voitures quittant d'elles-mêmes la chaîne de montage.

«La production automobile telle que nous la connaissons aujourd'hui est vouée à disparaître», affime Hubert Waltl, membre du conseil de direction d'Audi pour la production, dans le journal interne du groupe. «La production de demain sera plus connectée, plus intelligente et plus efficace… Et un nombre croissant de nouveaux spécialistes, tels que des architectes de réseau, rejoindront le secteur».

L'internet des objets alimente l'économie de plates-formes

Comme Audi, les acteurs du secteur manufacturier profiteront indubitablement de l'industrie 4.0: selon McKinsey, la gestion en temps réel des entrepôts via des appareils IdO devrait engendrer une baisse des coûts de détention de stocks atteignant jusqu'à 50%, alors que le temps d'immobilisation des machines sera également réduit de moitié, grâce aux informations transmises par des capteurs IdO. Plusieurs autres études prévoient une augmentation de la productivité manufacturière pouvant atteindre jusqu'à 50% grâce à l'internet des objets.

Mais les industriels ne seront pas les uniques bénéficiaires de cette nouvelle donne. Les particuliers et les investisseurs devraient aussi tirer leur épingle du jeu. L'industrie 4.0 n'aura pas pour seul effet de baisser les coûts de production; elle permettra aussi aux usines de produire des biens plus en phase avec la tendance et les préférences des consommateurs. Nous pourrons ainsi acheter à bas prix des appareils IdO hautement personnalisés. Plus les utilisateurs d'un objet connecté seront nombreux, plus l'effet de réseau sera important, phénomène qui accroît rapidement la valeur de l'objet au yeux de chaque utilisateur.

Les plates-formes ont complètement changé la nature de la concurrence dans de nombreux secteurs. 

Austan Goolsbee, professeur à la Booth School of Business de l'université de Chicago

Des sociétés comme Apple, Uber et Amazon exploitent d'ores et déjà l'effet de réseau en construisant un réseau d'interactions entre consommateurs, fournisseurs, entrepreneurs et développeurs sur des «plates-formes» via lesquelles ces sociétés vendent des produits et des services numériques à des consommateurs.  L'économie de plates-formes basée sur les appareils IdO commence à modifier le fonctionnement des marchés et à transformer l'environnement d’investissement.

«Les plates-formes ont complètement changé la nature de la concurrence dans de nombreux secteurs», affirmait récemment Austan Goolsbee, professeur à la Booth School of Business de l'université de Chicago, lors d'une conférence organisée par Pictet Asset Management.

«(Investir à bon escient) ne consiste pas réellement à déterminer la technologie la plus enthousiasmante… il convient aussi de se demander si telle ou telle plate-forme pourrait empêcher un nouvel acteur d'arriver sur le marché.»