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Décembre 2015
Communication marketing

L'accord de Paris sur le climat: un grand pas vers une économie durable

Eric Borremans spécialiste en développement durable évoque les effets de cet accord en termes d'investissement.

Quelle est l'importance de l'accord sur le climat signé à Paris?

EB. L'accord de Paris marque un véritable tournant dans la lutte menée depuis 20 ans contre le réchauffement climatique. Alors qu'un système vertical et créant la division avait entraîné l'échec du dernier grand accord sur le climat (le protocole de Kyoto de 1997), l'accord de Paris voit pour la première fois des pays tant développés qu'en développement accepter de réduire leurs émissions de carbone pour limiter le réchauffement de la planète à «un niveau sensiblement inférieur à 2°C» par rapport à l'ère préindustrielle.
Fig.1. L'ACCORD DE PARIS – POINTS CLÉS POUR L'INVESTISSEUR
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Source: Pictet Asset Management, 2015
Préalablement à la Conférence de Paris, plus de 180 nations, responsables de plus de 90% des émissions mondiales, avaient présenté des programmes détaillés de réduction des émissions de CO2. Et selon la Breakthrough Energy Coalition, les sociétés s'étaient déjà engagées à consacrer des milliards de dollars à la recherche et au développement en matière énergétique. Leurs efforts se concentrent sur l'élaboration de mécanismes de réduction des émissions basés sur le marché, notamment via une tarification mondiale du carbone. La disposition de l'accord prévoyant la mobilisation de fonds publics devrait encourager ces entreprises à accroître leurs investissements dans la lutte contre le changement climatique.

En résumé, les efforts déployés en amont de la COP 21 ont été aussi importants que la Conférence en elle-même et il ne fait aucun doute que l'accord universel signé à Paris accélérera la transition vers une économie à faibles émissions de carbone.

Quels seront les secteurs les plus touchés par cet accord?

EB. Les services publics d'électricité, qui génèrent près de 50% des émissions mondiales liées à l'énergie, devraient être les plus touchés, de même que les secteurs à forte intensité en carbone tels que le pétrole, les mines de charbon, les transports, la construction et certaines industries lourdes. Au sein de ces secteurs, les sociétés capables de développer des technologies et des produits plus propres et plus efficients pourront tirer leur épingle du jeu et attirer les investissements.

Les sociétés capables de développer des technologies et des produits plus propres et plus efficients devraient pouvoir tirer leur épingle du jeu.

Les entreprises actives dans les énergies alternatives profiteront également de la dynamique insufflée par l'accord. La transition vers une économie moins émettrice de gaz à effet de serre n'a pas commencé à Paris, mais en soulignant une forte détermination politique et en proposant un cadre cohérent, l'accord accélérera indéniablement le processus. Le découplage entre la croissance du PIB, d'une part, et la demande d'énergie et les émissions de CO2, d'autre part, s'est amorcé en Europe il y a 10 ans et commence aujourd'hui en Chine. Les sources d'énergie renouvelables, qui englobent l'hydroélectricité, l'éolien et le solaire, ont compté pour la moitié des nouvelles installations mises en service en 2015 et devraient prendre le pas sur le charbon d'ici à 2030 pour devenir la plus grande source de génération d'énergie1. En outre, les coûts de génération d'énergie renouvelable ont baissé dans de nombreuses régions du monde, grâce aux économies d'échelle, aux innovations technologiques et à de meilleures conditions de financement.

Comment les investisseurs peuvent-ils intégrer le changement climatique dans leurs portefeuilles?

EB. Le changement climatique ne se limite plus aux investissements éthiques. Ce thème concerne désormais l'ensemble des investisseurs - et notamment ceux qui disposent d'un horizon à long terme, parce qu'il représente à la fois un risque d'investissement majeur et une source de rendements potentiels.
Fig.2. LE CHANGEMENT CLIMATIQUE EN CHIFFRES
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Source: *UK Met Office **HSBC
Diverses options se présentent aux investisseurs souhaitant tirer profit de la transition vers une économie à faibles émissions de carbone. Bien sûr, les fonds axés sur les énergies propres constituent une bonne source de diversification. Les investisseurs peuvent également réduire l'exposition de leurs portefeuilles de base aux secteurs très intensifs en carbone comme les mines de charbon, le pétrole et les centrales électriques alimentées au charbon. Certains préfèreront adopter une option plus radicale et totalement exclure les combustibles fossiles. Quant aux investisseurs en obligations, ils peuvent réduire leur exposition aux pays et régions les plus dépendants des combustibles fossiles au profit des obligations vertes.

La transition vers une économie moins émettrice de gaz à effet de serre appelle en outre la création de critères permettant de mesurer l'exposition des investisseurs aux actifs intensifs en CO2 et aux actifs plus propres. Le calcul de l'empreinte carbone, visant à déterminer l'intensité en carbone d'un portefeuille d'investissement et ses émissions carboniques, gagne en importance. Cet axe d'analyse reste toutefois en cours de développement et de nouvelles améliorations méthodologiques devraient à terme permettre de comparer les résultats sur la durée ainsi qu'entre les différentes stratégies d’investissement.

La nouvelle loi française imposant aux investisseurs institutionnels de publier l'empreinte carbone de leurs portefeuilles constitue un pas dans la bonne direction.

Des prestataires de recherche tels que MSCI ESG, Trucost, InRate ou encore South Pole Carbon ont élaboré différents paramètres destinés aux investisseurs institutionnels cherchant à comprendre, mesurer et gérer le risque carbone de leurs portefeuilles2. Les agences de notation des crédits comme Standard & Poor’s commencent pour leur part à étudier les répercussions potentielles du changement climatique sur le risque souverain. Le durcissement de l'environnement réglementaire devrait également contribuer à standardiser le processus. Sur ce front, la nouvelle loi française imposant aux investisseurs institutionnels de publier l'empreinte carbone de leurs portefeuilles constitue un pas dans la bonne direction.

Le changement climatique contraint en outre les investisseurs à évaluer la vulnérabilité de leur portefeuille face à des conditions météorologiques extrêmes – canicules, inondations ou sécheresses. A moyen-long terme, la volatilité accrue du climat pourrait continuer de peser sur le secteur des assurances; ce dernier a déjà fortement souffert des conséquences des catastrophes naturelles. Les investisseurs devraient également étudier la possibilité d'accroître leur exposition aux infrastructures résistantes aux phénomènes climatiques, telles que les digues anti-inondation et l'immobilier spécialisé.