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capitalisme responsable et investissement durable

Janvier 2019
Communication marketing

Ce que les investisseurs peuvent apprendre de l'ONU et du Prix Nobel

L'économie durable ne deviendra une réalité que si les investisseurs se préoccupent sérieusement de la protection de l'environnement. Tel est le message de l'ONU et du comité du Prix Nobel.

Si les 12 derniers mois ont été jalonnés de turbulences, c'est sans doute le mois d'octobre qui restera gravé dans la mémoire collective des investisseurs.

Non pas parce qu'il a failli marquer le début d'un nouveau cycle de marché baissier – aussi douloureux soit-il – mais en raison de la prise de conscience brutale d'une problématique largement plus préoccupante pour le capitalisme, à savoir la dégradation de l'environnement.

Même si c'est une coïncidence, il fut très opportun que le comité du Prix Nobel annonce les vainqueurs de son prix d'économie quelques heures après la publication le 8 octobre du sombre rapport des Nations Unies sur le réchauffement de la planète.

Les lauréats Paul Romer et William Nordhaus ont respectivement consacré leur carrière à étudier la croissance économique mondiale et à savoir comment elle pouvait être soutenable sans causer des dommages irréparables à la planète. Ces problématiques sont au cœur des enjeux de développement durable.

Le jury du comité du Prix Nobel et le comité des Nations Unies sur le changement climatique ont tous deux envoyé un message clair aux investisseurs. Sans l'engagement de la communauté des investisseurs en faveur de cette cause, la bataille engagée pour préserver les ressources naturelles de la planète ne pourra être remportée.

Les investisseurs comptent, car ils ont le pouvoir de retenir ou de retirer les capitaux des entreprises qui manquent gravement à leur responsabilités environnementales.

Exiger de chaque entreprise cotée qu'elle rende compte de son empreinte écologique au même titre qu'elle comptabilise, par exemple, l'amortissement de ses installations et de ses équipements industriels, serait un bon moyen d'utiliser ce levier.

Laurent Ramsey

Sans l'engagement de la communauté des investisseurs en faveur de la cause, la bataille engagée pour préserver les ressources naturelles de la planète ne pourra être remportée.

Il y a cependant bien plus à faire. Le modèle révolutionnaire de Nordhaus, qui fait le lien entre croissance, émissions de gaz à effet de serre et changement climatique, a retenu l'attention précisément parce qu'il permet de quantifier les coûts environnementaux de l'activité économique. 

Depuis longtemps, le cadre établi contribue à forger les mentalités des gouvernements et des autorités de régulation dans le monde entier et a joué un rôle majeur dans le développement d'outils innovants d'atténuation du changement climatique tels que les crédits d'impôt carbone.

L'heure est venue pour les investisseurs d'emboîter le pas des responsables politiques.  Le moins qu'ils puissent faire est d'admettre que chaque action, chaque obligation et chaque actif immobilier comporte une prime de risque environnemental qui doit se refléter dans leur prix. Tenir compte de cette prime permettrait de révéler le véritable coût du capital et, au final, de détourner les investissements des entreprises qui ignorent leur empreinte écologique.

L'argument n'est pas uniquement éthique. Un nombre croissant d'études démontre de manière convaincante l'intérêt financier de la démarche. Les entreprises mettant activement en œuvre des principes de développement durable affichent généralement des notations de crédit plus élevées, un coût du capital plus faible, des finances plus solides et de meilleures performances boursières sur le long terme que les autres.

Agriculture

Cependant, le capitalisme responsable ne consiste pas seulement à récompenser les entreprises avec des modèles d'affaires écologiquement sains.

En 1965, dans un discours prononcé devant le Congrès, le président américain Lyndon Johnson déclarait que la sauvegarde des ressources de la planète n'impliquait «pas uniquement la conservation de la protection et du développement au sens classique, mais une approche créative de la restauration et de l'innovation».

L'être humain a une créativité infinie et a en lui la capacité de remédier au changement climatique et aux autres problèmes environnementaux qui affectent la planète. Il lui suffit de disposer des ressources nécessaires.

Plusieurs initiatives scientifiques confortablement financées commencent à porter leurs fruits.  Dans le secteur de l'énergie propre, où l'innovation est florissante, les avancées technologiques ont conduit à une baisse drastique du coût de l'électricité solaire, de l'énergie éolienne et du stockage dans des batteries. Une étude révèle que pour chaque dollar investi dans les technologies de lutte contre la pollution depuis 1970, 30 dollars environ ont été réinjectés dans l'économie.

Il y a cependant peu de motifs de complaisance.  Les recherches de Paul Romer sur les effets économiques du progrès technologique révèlent que les investisseurs ne récompensent pas souvent les entreprises innovantes de façon appropriée, les privant ainsi des capitaux nécessaires pour financer leurs activités de recherche et développement. Cela signifie également que la société profite seulement d'une petite part de l'ingéniosité collective de l'humanité.

La myopie est en partie coupable. Trop souvent, les technologies prometteuses sont écartées, les investisseurs étant rebutés par le temps nécessaire pour en récolter les fruits.

Le secteur des produits environnementaux a le vent en poupe

Brevets déposés chaque année pour des produits environnementaux 

brevets mondiaux

Source: Organisation mondiale de la propriété intellectuelle; données couvrant la période du 31.12.1999 au 31.12.2015

Les travaux de Paul Romer montrent que les investisseurs doivent allonger leur horizon de placement pour permettre aux innovations utiles de s'installer durablement et de se répandre tout autour de la planète. C'est la condition pour injecter les capitaux là où ils sont le plus utiles. On estime à 2'500 milliards de dollars le montant des investissements privés à réorienter vers les technologies vertes chaque année au cours des deux prochaines décennies.

Fait encourageant, le secteur des produits et services environnementaux a déjà nettement le vent en poupe. Il pèse actuellement quelque 2'000 milliards de dollars et affiche une croissance de 6 à 7% annualisés – soit le double du taux de croissance de l'économie mondiale. Le nombre de brevets déposés concernant des technologies environnementales a plus que triplé en dix ans. Il atteint 20 000 brevets par an selon l'Organisation mondiale de la propriété intellectuelle.

Avec des financements plus généreux, nous vous laissons deviner ce que les entreprises qui conçoivent de telles technologies pourraient accomplir. Les investisseurs ont un rôle central à jouer pour donner à l'économie une assise plus viable. Non seulement ils ont le pouvoir de réduire de façon drastique l'empreinte environnementale des entreprises, mais ils peuvent aussi contribuer au financement de technologies permettant de préserver les ressources de la planète pour les générations futures.

Comme l'indique le comité du Prix Nobel, la nature dicte les conditions dans lesquelles nous vivons et la connaissance définit notre capacité à gérer ces conditions.