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Actions des marchés émergents, macroéconomie, risque idiosyncratique

Août 2018
Communication marketing

La macroéconomie est-elle vraiment importante?

Au cours d’une année dominée par les événements macroéconomiques et géopolitiques, nous examinons plus en détail l’importance réelle de la macroéconomie.

Jusqu’à présent, en 2018, pour un investisseur présent sur les marchés émergents, les facteurs macroéconomiques et géopolitiques ont occupé une place prépondérante. La liste inclut notamment: la hausse des taux de la Fed, le risque d’une guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine, le double déficit et dévaluation des devises en Turquie et en Argentine, les sanctions économiques contre la Russie, les dénouements politiques imprévisibles au Mexique, au Brésil et en Malaisie, ainsi que la perspective de la dénucléarisation de la Corée du Nord. 

Dans ce contexte, il est facile d’oublier que les facteurs spécifiques aux actions constituent habituellement le principal moteur des rendements des actions des marchés émergents.

Répartition des rendements des marchés émergents

Bien entendu, la macroéconomie est vraiment importante, mais comme l’indique le graphique ci-dessous, elle représente tout au plus la moitié des rendements ; c’est d’autant plus vrai dans des conditions de marché extrêmes. 
Au cours des 20 dernières années environ, c’est le risque spécifique aux actions qui a directement influencé la majorité des rendements des marchés émergents.
Répartition des rendements des marchés émergents
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Source: Deutsche Bank, mai 2018 

Alors, pourquoi la macroéconomie est-elle au cœur de tant de discussions?

Dans l’ensemble, je dirais que c’est parce que pour la plupart des personnes, il est plus facile de parler de macroéconomie et de géopolitique que d’analyser les entreprises dans le détail. Par exemple, il est beaucoup plus intéressant de discuter de la situation politique en Inde ou de la crise en Turquie que de débattre de l’équilibre entre l’offre et la demande sur le marché chinois du ciment. (Cela étant, certains membres de notre équipe ne seront probablement pas de cet avis !) Par ailleurs, les pays et les considérations macroéconomiques sont une chose que vous pouvez visiter et voir. Si vous vous rendez au Brésil, vous pourrez sans doute vous faire une opinion du Brésil, en tant que pays, et de sa culture. C’est quelque chose que vous pouvez vraiment ressentir. L’indice MSCI EM Utilities n’est pas tangible de la même manière, et les états financiers de ses composantes ne sont pas particulièrement mémorables pour la plupart des observateurs. Par ailleurs, les médias privilégient largement la macroéconomie. Par exemple, les grandes chaînes d’information s’intéressent plus facilement aux interactions politiques entre la Russie et l’Occident qu’aux encourageantes politiques de rémunération des actionnaires mises en œuvre par de nombreux producteurs de pétrole russes.

La croissance économique et la croissance des marchés boursiers sont deux choses différentes

Malgré l’importance exagérée que nous accordons à la macroéconomie, la réalité est qu’à court terme, il n’existe qu’un lien ténu entre la croissance du PIB et les performances des actions. La croissance du PIB peut dynamiser les revenus; toutefois, la croissance des marchés boursiers et la croissance économique sont deux choses différentes. Plus particulièrement, cette réflexion ne considère pas les évaluations comme un point de départ; or, celles-ci peuvent influencer considérablement les performances. Cependant, il est vrai que la croissance réelle du PIB et les rendements du marché présentent, dans la plupart des cas, un lien positif (la Corée étant l’exception qui confirme la règle dans le graphique de gauche, ci-dessous). Il s’agit toutefois d’une analyse ex-post. En tant qu’investisseurs à l’instant présent, nous avons uniquement accès aux prévisions du PIB et malheureusement, comme le montre le graphique de droite ci-dessous, celles-ci constituent des indicateurs très peu fiables rendements des marchés boursiers.

Le PIB réalisé est lié aux rendements du marché... mais pas aux prévisions, qui sont souvent incorrectes
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Source: UBS, mai 2018

Alors, si les marchés boursiers sont principalement influencés par le risque spécifique aux actions et que les prévisions économiques sont en grande partie futiles, pourquoi se donner la peine d’examiner les données macroéconomiques?  La macroéconomie est vraiment importante, bien entendu – mais, comme nous l’avons dit, cela concerne principalement les conditions de marché extrêmes. Et par «conditions extrêmes», nous entendons les situations de crise financière et économique. Nous travaillons en étroite collaboration avec le service économique de Pictet Asset Management pour suivre sept indicateurs-clés qui ont précédé les crises financières précédentes. Ils sont examinés à la lumière de leur historique et en fonction d’autres économies. Le principal avantage de ces indicateurs est qu’ils peuvent nous aider à calibrer les convictions qui sous-tendent nos choix d’actions et à déterminer les zones de risque critiques. Au fil des ans, par exemple, si l’on en croit les grands titres de la macroéconomie, les institutions financières chinoises (et plus particulièrement les noms de propriétés) auraient déjà dû faire face à une crise. Cependant, la réalité est que les performances de ces secteurs ont dépassé celles des marchés émergents mondiaux.

La volatilité est incontestablement revenue sur les marchés mondiaux et, dans les pays émergents, elle est souvent amplifiée par la précarité économique et politique de certains états. Plus que jamais, il est essentiel de se concentrer sur ce qui compte vraiment – et la plupart du temps, c’est une sélection minutieuse des actions. Et donc, pour répondre à mon titre initial: oui, la macroéconomie est parfois vraiment importante lors de la sélection d’actions des marchés émergents, mais elle ne compte jamais plus que les facteurs «microéconomiques» spécifiques aux actions.