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Secteur de la santé en Chine

Octobre 2018
Communication marketing

Carnet de voyage: opportunités et défis du secteur de la santé en Chine

Anna Mulholland investigue pour mieux comprendre les opportunités d’investissement dans le secteur de la santé en Chine et en Corée

Petit aperçu de la médecine traditionnelle chinoise

Récemment, lors de la visite d’un hôpital moderne de Pékin, j’ai demandé à voir le service de médecine traditionnelle chinoise. Comme de nombreux Occidentaux, je suis à la fois curieuse et sceptique face à ces soins exotiques.

Pour plaisanter, j’ai demandé s’ils avaient par hasard un remède contre le décalage horaire.  J’ai été prise au sérieux et on m’a immédiatement envoyé en consultation avant de me remettre deux flacons du mélange qu’on m’avait prescrit. La chose qui m’a le plus frappée, c’est de voir mon guide, le responsable des relations avec les investisseurs de l’hôpital, un jeune millenial, rester incrédule face à ma volonté d’essayer ce remède. Il n’était en cela pas du tout un cas à part. Les millenials chinois semblent surpris que les Occidentaux puissent s’intéresser à leurs traitements traditionnels.

Je suppose que cette réaction trouve son origine dans les efforts entrepris par la Chine pour adopter la médecine occidentale. L’immense population du pays, de plus en plus riche, mais généralement sous-équipée, représente un formidable marché pour les traitements modernes.

Pour en savoir plus, j’ai visité une trentaine de sociétés représentatives des différents secteurs de la santé au cours de mon voyage à Shanghai, Pékin, Hong Kong et Séoul.

Des patients font la queue dans un hôpital en Chine
Photographie prise par Anna Mulholland, Gérant d’investissement senior, lors de son dernier voyage en Chine
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La santé en Chine - Opportunités

La Chine veut mettre en place un système sanitaire durable et autosuffisant, ou plutôt, elle en a désespérément besoin. Le processus pour y parvenir fera certainement du pays un leader du secteur mondial de la santé. L’urgence de voir ces deux situations se réaliser est palpable au sein des sociétés pharmaceutiques «traditionnelles» et même encore plus au sein des sociétés biologiques et biopharmaceutiques. 

Le nombre de patients est phénoménal, et leurs besoins cliniques potentiels énormes. Peu importe la maladie ou la pathologie, les chiffres sont vertigineux. Le cancer est la première cause de mortalité en Chine depuis 2010. L’an dernier, quatre millions de personnes ont été diagnostiquées d’un cancer et deux millions en sont mortes. Le cancer du poumon est le plus fréquent, suivi par ceux de l’estomac et du foie, pour lesquels la Chine représente plus de la moitié des cas dans le monde. Le diabète touche 100 millions de personnes en Chine. Elles sont en outre 200 millions à souffrir d’une pression artérielle élevée. On compte plus de deux millions de nouvelles victimes d’accident vasculaire chaque année. 

D’autres menaces moins évidentes attendent également au coin du bois: dans un système sous pression en raison d’un nombre de patients par docteur trop élevé, les délais accordés aux diagnostics sont courts.  Les surprescriptions sont fréquentes, tout comme la résistance aux médicaments. Le directeur financier d’une société de biotechnologies a souligné que de nombreuses superbactéries allaient se développer en Chine et, compte tenu du monde interconnecté où nous vivons, elles devraient se propager rapidement.

L’apport des médicaments et des services nécessaires implique de franchir deux obstacles majeurs: Accessibilité et abordabilité. Pour s’affranchir de ces obstacles, le gouvernement accélère les autorisations de nouveaux médicaments et améliore les remboursements. La volonté de récompenser les innovations couronnées de succès est réelle.

Accessibilité: Tout le monde est gagnant

Sur le plan de l’accessibilité, les besoins cliniques les moins satisfaits concernent l’oncologie, les maladies auto-immunes et les traitements cardiovasculaires. Parmi les autres domaines d’intérêt figurent l’ophtalmologie et la santé mentale, où les taux de diagnostic restent largement supérieurs aux moyennes mondiales. L’oncologie représente probablement la principale opportunité pour le secteur de la santé. Les patients chinois ne disposent que d’un accès limité aux traitements les plus en pointe contre le cancer, sur 105 thérapies ciblées autorisées aux États-Unis, seulement 29 sont actuellement disponibles en Chine. L’an dernier, environ 60% des traitements contre le cancer en Chine s’appuyaient sur des chimiothérapies d’ancienne génération, contre 10% aux États-Unis.

La concurrence pour s’emparer de parts de marché sur ce nouvel espace des nouveaux médicaments innovants est, sans surprise, féroce, mais la récompense est telle qu’il n’y aura pas vraiment de perdants.

L’an dernier, environ 60% des traitements contre le cancer en Chine s’appuyaient sur des chimiothérapies d’ancienne génération, contre 10% aux États-Unis.

Abordabilité: la pression sur les prix devrait perdurer

Le système sanitaire chinois est à payeur unique, ce qui signifie, en théorie, que le gouvernement paie pour tout. Cependant, comme pour le financement des systèmes de santé en occident, les besoins de financement tirés des caisses du gouvernement augmentent, à l’inverse de ces dernières. C’est pourquoi le partage des coûts par les patients reste une réalité nécessaire, qui représente dans certains cas jusqu’à 90% du coût total du traitement.

La Liste nationale des médicaments remboursés du gouvernement est l’élément central du contrôle des prix. Elle compte 2 535 produits. Lorsqu’un médicament y est ajouté, son prix ou son niveau de remboursement sont négociés par appel d’offres. Une baisse de 50% par rapport aux prix précédemment pratiqués n’est pas inhabituelle, surtout pour les médicaments de marque et innovants.  Jusqu’à présent, la liste était révisée tous les cinq à sept ans, mais il est probable que ces révisions soient beaucoup plus fréquentes pour permettre d’inclure plus de médicaments innovants. En fait, en 2017, lors de la dernière mise à jour, le gouvernement a ajouté 45 produits sur une liste «à négocier», dont la moitié sont des thérapies contre le cancer. Les médicaments qui parviennent à éviter le processus d’appel d’offres sont des molécules exclusives ou des nouveautés qui concernent des secteurs thérapeutiques aux besoins cliniques urgents.