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Point de vue sur l’allocation d’actifs

Janvier 2019
Communication marketing

Les cinq leçons de 2018

La plupart des investisseurs ont souffert en 2018 une année qui les a forcés à apprendre (ou réapprendre) plusieurs leçons importantes.

2018 : nulle part où se cacher

La diversification n’a pas été une stratégie gagnante en 2018. La grande majorité des indices boursiers, sectoriels ou régionaux, qui composent l’indice MSCI World ont terminé l’année en territoire négatif, tout comme les bons du Trésor américain et les indices d’obligations d’entreprises. Les obligations souveraines mondiales auraient pu suivre le même chemin si elles n’avaient pas connu un fort rebond en décembre. Pour les investisseurs en dollars US, toutes les principales classes d’actifs ont en effet bu la tasse, ce qui a fait que les liquidités détenues aux États-Unis ont été le meilleur élève de l’année pour la première fois depuis 1986 (voir le graphique).

Une année difficile pour les investisseurs

% de rendement total en USD et en devise locale

Performances des actifs
Source: Thomson Reuters Datastream, Pictet Asset Management. L’effet de change équivaut à l’appréciation de la devise locale par rapport à l’USD. Données couvrant la période allant du 31.12.2017 au 31.12.2018
Un portefeuille appliquant une stratégie des risques à parité, où 75% des actifs sont investis en obligations mondiales (JPM Global Government Bond en devise locale) et le solde en actions mondiales (MSCI World), aurait reculé d’environ 1% en valeur sur l’année. C’est la première fois depuis 2008, et la seconde depuis 1994, qu’un tel portefeuille a enregistré une perte.

Les stimulations des banques centrales ont leur rôle à jouer...

Tout ce qui a monté doit-il redescendre? L’assouplissement quantitatif appliqué par les banques centrales a poussé les cours des actifs depuis la crise financière, ce qui a entraîné une hausse record des actions mondiales. Malgré tout, en 2018, pour la première fois en 10 ans, les principales autorités monétaires mondiales ont plus vendu d’actifs financiers qu’elles en ont acheté: leurs stimulations ont chuté à 600 milliards d’USD en 2018 contre 2 600 milliards au cours des années précédentes1.

Notre analyse montre que le retrait de liquidités a déjà commencé à peser sur les multiples cours-bénéfice.

Nous prévoyons qu’à l’avenir, les liquidités excédentaires vont continuer de reculer. Cela risque d’entraîner une baisse de 10% de la valorisation des actions mondiales, calculée selon le ratio cours-bénéfice (voir le graphique)2.

Les marchés actions suivent la liquidité

Excès de liquidité G3 et ratio cours/bénéfice glissant des actions mondiales

Graphique sur l’effet des liquidités sur les actions
Source: Thomson Reuters Datastream, Pictet Asset Management. Données couvrant la période allant du 30.04.1982 au 31.12.2019 (estimation).

... tout comme la géopolitique

Toute politique est peut-être locale, mais il en va de même pour les tremblements de terre, par exemple. L’année 2018 nous a rappelé que les secousses politiques peuvent se propager à très, très longue distance. L’une des principales positions populistes du président américain Donald Trump reposait sur l’argument selon lequel les États-Unis ne bénéficiaient pas d’accords particulièrement avantageux avec leurs partenaires commerciaux, notamment la Chine. Grâce à ses pouvoirs exécutifs, il a imposé des droits de douane élevés tout en menaçant de les augmenter encore plus. Jusqu’à présent, le commerce international a plutôt bien résisté. Les industriels comme les consommateurs sont parvenus à absorber les coûts ou, à défaut, à trouver de nouveaux clients ou de nouveaux fournisseurs.

La question reste toutefois de savoir combien de temps l’économie mondiale pourra tenir. Les guerres commerciales ont déjà eu des répercussions sévères sur le moral des entreprises. Prenons l’exemple des commandes à l’exportation au sein de l’indice des directeurs d’achat. Après avoir atteint 55,7 en février, leur plus haut niveau depuis 2011, les commandes à l’exportation du PMI ont chuté à 50,6 en octobre, le seuil de la zone d’expansion, une chute qui s’explique par les tensions commerciales mondiales (voir le graphique).

Par ailleurs, les problèmes du commerce ne devraient pas s’évanouir rapidement. Ils se trouvent en effet au cœur d’une partie d’échecs entre les États-Unis et la Chine, dont l’enjeu est la suprématie mondiale et qui se déroulera tout au long des années à venir.

crainte sur les exportations

Activité économique mondiale (PMI) vs commandes à l’exportation

Activité économique mondiale (PMI) vs commandes à l’exportation
PMI mondial basé sur 34 PMI industriels, pondérés selon le PIB. Commandes à l’exportation basées sur 22 PMI, pondérés selon le PIB. Source: Thomson Reuters Datastream. Données au 30.11.2018.

Un dollar fort est toujours de mauvais augure pour les marchés émergents

Sur le papier, les marchés émergents semblaient attirants au début de 2018: forte croissance économique, faible inflation, rebond des prix des matières premières, valorisations attractives... Mais un petit grain de sable est venu enrayer la machine : le dollar américain.

Le boulet vert
Rendement total du MSCI EM en USD par rapport au MSCI World; USD pondéré par les échanges de la Fed
Graphique actions émergentes vs dollar
Base 100 au 01.01.2018. Source: Thomson Reuters Datastream. Données couvrant la période allant du 29.12.2017 au 30.11.2018.

Le billet vert a gagné quelque 8% par rapport à un panier de devises pondéré par les échanges. Cela a sévèrement affecté les marchés émergents en suscitant des craintes sur une augmentation du coût du service des dettes libellées en dollars et des prix des biens étrangers. Les rendements totaux des marchés émergents exprimés en dollars se sont ainsi inscrits en retrait des indices de référence mondiaux de 7% environ (voir le graphique).

À l’approche de 2019, on peut s’attendre à voir le dollar refluer en raison de la perte de vitesse de la croissance américaine, du ralentissement de la politique de durcissement de la Fed et de l’atténuation des répercussions des stimulations budgétaires. Les valorisations élevées et le moral particulièrement solide des marchés sont deux vents contraires supplémentaires. Cependant, peu importe le sens du vent, il semble probable que les performances des marchés émergents resteront étroitement liées à celles du billet vert.

Ne jamais sous-estimer la capacité de l’Europe à décevoir

Les marchés émergents n’ont pas été la seule source de déception. La piètre performance des actions européennes, pourtant plébiscitées en janvier dernier, a montré que les problèmes de la région sont loin d’être terminés. L’Italie a été la principale cause d’inquiétude, sur les plans politique et économique. Alors que le gouvernement italien affrontait Bruxelles au sujet du projet de budget expansionniste, l’économie du pays stagnait et freinait la croissance de la zone euro dans son ensemble. Le spread entre les rendements des obligations souveraines italiennes à 10 ans et leurs homologues allemandes a franchi la barre des 300 points de base en automne, son plus haut niveau depuis juillet 2013. Cela a fini par s’étendre aux actions européennes (voir le graphique). Exprimées en dollar ou en devise locale, les actions européennes ont atteint un niveau historiquement bas par rapport à leurs homologues américaines en décembre.
problèmes de rendement pour les actions
Rendement total du MSCI EMU en devise locale par rapport au MSCI World; spread de rendement entre les BTP italiens et les Bunds allemands à 10 ans, en points de base
Graphique sur les actions et les rendements obligataires européens
Source: Thomson Reuters Datastream. Données couvrant la période allant du 01.01.2018 au 30.11.2018.