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prévisions pour les obligations des marchés émergents

Avril 2019
Communication marketing

Soleil en vue sur les marchés émergents

Les économies émergentes surpassent déjà leurs homologues développées. Et ce sont elles qui vont le plus profiter d’un rebond.

Oubliez l’agitation récente des marchés, les obligations des marchés émergents (ME) sont une sorte de havre de paix. En effet, cette année pourrait bien être tout l’inverse d’un millésime 2018 plutôt morose.

Deux facteurs suffiront pour expliquer cette prévision optimiste. Tout d’abord, même si l’économie mondiale ralentit, les économies émergentes vont relativement mieux que leurs homologues développées. Ensuite, des politiques sont actuellement mises en place à travers le monde pour réamorcer la croissance. Jusqu’à présent, les actifs des ME ont eu tendance à surperformer dans ces deux contextes économiques.

Le marché des changes dicte sa loi

L’indicateur avancé mondial, qui anticipe généralement avec succès l’évolution probable de la croissance mondiale, affiche une tendance fortement baissière depuis son pic atteint en 2017. Néanmoins, même si les perspectives pour les marchés émergents se sont, elles aussi, affaiblies, la majeure partie du ralentissement mondial est à imputer aux économies développées.

La série de hausses de taux menée par la Réserve fédérale américaine jusqu’en décembre dernier, l’agressivité du président américain Donald Trump sur le commerce, les changements dans la demande mondiale en automobile ainsi que des problèmes plus localisés comme les fractures politiques en Italie et au Royaume-Uni ont contraint les économies développées à réduire leur braquet.

À l’inverse, la majorité du ralentissement des ME s’est concentrée sur la Turquie et l’Argentine, deux pays victimes d’automutilation économique.

Ainsi, la prime de croissance des économies émergentes par rapport à leurs homologues développées a considérablement grandi ces douze derniers mois pour atteindre son plus haut niveau depuis 2013. (Voir le graphique)

grand écart

Différentiel entre les indicateurs avancés des ME et des MD (% de variation annuelle) vs taux de change USD/ME* (base 100 au 01.01.08)

Différentiel entre les indicateurs avancés des ME et des MD
Panier de 31 devises des ME contre le dollar. Source: Pictet Asset Management, CEIC, Datastream, Bloomberg. Données couvrant la période du 01.01.2011 au  01.01.2019

C’est une donnée importante, car lors les périodes où l’économie mondiale ralentit de façon inégale et où les économies en développement surperforment, les devises des ME se sont appréciées face au dollar, à un taux de 1,7% par an en moyenne, selon notre analyse.

Cette tendance est encore plus prononcée pour les devises des plus grands pays émergents comme, entre autres, la Chine, l’Inde, la Corée, la Russie et le Brésil. En moyenne, ces monnaies ont gagné 4,7% face au dollar et les devises d’Amérique latine et d’Europe de l’Est ont tendance à être les plus solides.

Les devises émergentes pourraient également profiter de l’évolution de la situation aux États-Unis.

La Fed vient de sonner l’hallali pour sa politique de durcissement. Non seulement la banque centrale a mis fin aux hausses de taux (de plus en plus de voix annoncent que sa prochaine mesure sera de les baisser), mais elle stoppe également prématurément la réduction de son bilan. Ce ton accommodant devrait relancer la croissance américaine au cours de l’année, mais pour le moment, il pourrait marquer la fin de la solidité inébranlable du billet vert.

À ce stade, les devises des ME sont proches de leur plus bas niveau face au dollar depuis au moins 20 ans. La combinaison de ces facteurs devrait favoriser les devises émergentes et donc les obligations souveraines des ME libellées en devise locale; une part importante du rendement de ces créances provient des variations des taux de change.

Prêtes à rebondir

La Fed n’a pas été la seule à réagir face au ralentissement mondial. La Banque centrale européenne reprend ses opérations de refinancement ciblé à long terme à destination des banques dans le but d’alimenter une économie de la zone euro atone.

Une fois encore, malgré tout, la Chine applique les relances les plus fortes. La Banque populaire de Chine a réduit les taux de réserve obligatoire des banques à cinq reprises au cours de l’année écoulée afin de réamorcer le crédit, et de nouvelles baisses sont attendues dans les prochains mois. Parallèlement, le gouvernement chinois a fortement élargi ses investissements en infrastructures, après les avoir abaissés en 2018.

Fondamentalement attractives

Plus généralement, les obligations des ME devraient profiter de l’amélioration des conditions locales. Des politiques macroéconomiques prudentes et, en particulier, la relative fermeté des banques centrales des ME laissent entendre que les économies émergentes devraient afficher une volatilité inférieure à ce qu’elle était jusqu’à présent.

En outre, les tensions commerciales mondiales sont peut-être moins préoccupantes qu’elles ont pu l’être. En s’enrichissant, les économies des ME sont devenues moins dépendantes des exportations, car leur demande intérieure est venue compenser une partie de leurs variations. Par ailleurs, des pays comme la Chine sont de plus en plus développés et intègrent à présent une industrie à la valeur ajoutée supérieure, ce qui fait que des chaînes d’approvisionnement autrefois étendues entre plusieurs pays, se regroupent davantage à l’intérieur de ses frontières.

Une fois encore, la Chine applique les relances les plus fortes.

Les investissements dans l’univers émergent présentent également des possibilités de rebond considérable en cas d’apaisement des tensions commerciales.

Parmi les pays émergents, le Brésil nous attire particulièrement. Le programme de réforme du nouveau gouvernement y a aidé à replacer l’attention sur les fondamentaux positifs du pays. Nous apprécions en effet l’Amérique latine dans son ensemble.

À l’inverse, les économies qui présentent des déséquilibres importants, à l’image de la Turquie et de l’Argentine, devraient rester exposées à de brutales corrections.

Tout cela suggère qu’après les turbulences de 2018, la plupart des pays émergents devraient profiter de leur solidité relative, et que la perspective d’un rebond généralisé au cours de l’année commence sérieusement à prendre corps.