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Perspectives pour la dette chinoise en devise locale

Février 2020
Communication marketing

Obligations locales chinoises: vers la normalisation

L’inclusion de la dette libellée en renmibi dans le principal indice obligataire mondial va transformer la classe d’actifs en investissement stratégique.

Etonnamment, malgré l’importance des perturbations provoquées par le coronavirus, un petit village du marché financier chinois semble encore et toujours résister: la dette en devise locale. 

C’est parce que les obligations onshore du pays libellées en renminbi (RMB) sont sur le point d’être incluses dans le principal indice d’obligations des marchés émergents de JPMorgan pour la toute première fois.

Il s’agit d’un moment clé, pour la Chine comme pour les investisseurs à travers le monde.

À Pékin, on y voit une validation des efforts menés par les autorités pour libéraliser le marché des capitaux du pays et pour s’intégrer davantage au système financier international.

Pour les investisseurs, c’est un nouveau monde qui s’ouvre, un monde dans lequel le RMB devient véritablement une devise d’investissement mondiale. D’ici à quelques mois, le marché des obligations onshore chinoises, qui représente 13 000 milliards de dollars US, occupera une place bien plus importante dans les portefeuilles obligataires.

Obligations en RMB et devise de réserve

En prévision du changement dans les indices, la détention d’obligations chinoises par des étrangers était déjà en hausse, ce qui, selon le Fonds monétaire international, devrait entraîner des flux de capitaux entrants pouvant atteindre 7 400 milliards de renminbis.

Les investisseurs non chinois ont renforcé leurs positions en dette libellée en RMB jusqu’à 2 200 milliards de renminbis en septembre 2019, contre 700 milliards mi-2017. Avec 58% de ce total, les banques centrales étrangères et les fonds souverains se sont placés en tête. Les gestionnaires d’actifs et les banques centrales en détiennent quant à eux 20%1.

Grâce aux achats des banques centrales, le RMB est à présent la cinquième devise de réserve au monde, et il représente presque 2% du total des réserves de change mondiales. Une multiplication par deux de cette part serait synonyme de 1 500 milliards de renminbis d’investissements supplémentaires dans ces obligations, selon le FMI. Les économistes de Pictet Asset Management estiment que la devise chinoise ne tardera pas à dépasser la livre sterling dans les réserves internationales2.

Les flux de capitaux en provenance d’investisseurs privés vont également augmenter rapidement, puisque d’autres fournisseurs d’indices emboîtent le pas de JPMorgan pour intégrer cette classe d’actifs à leurs indices de référence obligataires.

Cette arrivée dans les indices met aussi en relief les aspects positifs de cette classe d’actifs, alors qu’une grande partie des obligations, dans les pays développés comme dans certaines économies émergentes, affichent des rendements inférieurs à zéro.

Le rendement des obligations du gouvernement chinois à cinq ans s’élève à 2,8%, contre 1,4% pour les bons du Trésor américain, -0,1% pour les obligations souveraines japonaises et -0,6% pour les Bunds allemands de même échéance3.

Le rendement n’est cependant pas leur seul argument de vente. Elles permettent aussi de se diversifier. Les performances des obligations libellées en RMB ne sont très fortement corrélées à aucune autre classe d’actifs mondiale, tant du côté des obligations que des actions. La corrélation entre les performances des obligations libellées en RMB et celles des obligations et actions américaines et européennes est inférieure à 0,34.

Si l’on y ajoute le potentiel de hausse de la monnaie sur le long terme (voir notre précédent article), on ne peut s’attendre à voir les investisseurs continuer d’ignorer ce marché encore longtemps. 

Un secteur de la gestion d’actifs en plein essor

Les gestionnaires d’actifs mondiaux commencent déjà à devenir une source de flux d’investissement sur le marché des obligations libellées en RMB. Au cours des huit premiers mois de 2019, ils ont dépassé les investisseurs du secteur public pour se positionner comme les premiers acheteurs nets étrangers d’obligations onshore chinoises, avec 51% des achats obligataires nets, ou 110 milliards de renminbis en valeur nominale5.

Le programme « Bond Connect » simplifie encore un peu plus l’accès des étrangers au marché. Depuis son lancement en 2017, il permet aux investisseurs non chinois d’opérer à Hong Kong sans compte onshore. Le volume d’échange dans le cadre du programme a grimpé de près de 200% en 2019 et atteint 2 600 milliards de renminbis6.

Les décideurs politiques souhaitent eux aussi attirer les fonds étrangers afin d’accélérer le développement d’un secteur de la gestion d’actifs national.

Il s’agit d’une priorité pour la Chine, étant donné que le vieillissement rapide de la population impose un système de retraite durable. Le volume du secteur de la gestion d’actifs en Chine – gestionnaires de fonds, assureurs, sociétés de bourse et trusts – devrait tripler au cours de la décennie 2018-2028, jusqu’à 47 300 milliards de renminbis, alors que Pékin prévoit de supprimer tous les freins à la détention par des étrangers au cours de l’année7.

Cela devrait également permettre d’augmenter le nombre d’investisseurs institutionnels nationaux, qui sont principalement des banques commerciales.

Opportunités croissantes
Croissance de l’actif sous gestion du secteur de la gestion d’actifs en Chine par classe d’actifs, milliers de milliards de RMB
Croissance de l’actif sous gestion du secteur de la gestion d’actifs en Chine par classe d’actifs
Source: iFinD, Roland Berger

Plus d’assouplissement monétaire

L’élévation du marché de la dette libellée en RMB à l’échelon international se produit alors que la situation monétaire du pays est particulièrement favorable.

La Banque populaire de Chine a réduit le taux de réserve obligatoire – c’est-à-dire le montant de liquidités que toutes les banques doivent détenir en réserve – à huit reprises depuis le début de 2018 pour contrer le ralentissement économique. Au début du mois, elle a abaissé les taux directeurs et injecté davantage de liquidité sur les marchés monétaires pour réduire la pression que l’épidémie de coronavirus fait peser sur l’économie.

Nous prévoyons que les conditions monétaires vont encore s’assouplir. Le dosage politique devrait comprendre des mesures destinées à soutenir les secteurs en difficultés.

Malgré un départ difficile, l’année du rat promet encore d’apporter une solide croissance pour la dette onshore libellée en RMB.