Allocation d’actifs: les obligations mondiales passent au neutre
L’économie mondiale n’avance plus à toute vapeur: notre analyse du cycle conjoncturel laisse entendre que la croissance a atteint son maximum. Cela n’implique pas nécessairement qu’un ralentissement, et encore moins une récession, soient proches. En fait, nous estimons que la croissance va résister et se maintenir autour de ses niveaux tendanciels à long terme au cours des cinq prochaines années.
Cela signale toutefois un changement de braquet et les marchés financiers ne tarderont pas à s’y adapter. La première phase de cet ajustement a consisté à ramener l’ensemble de nos positions vers neutre. Nous avons ainsi augmenté les obligations, réduit les liquidités et laissé l’allocation en actions inchangée par rapport au mois précédent.
Étant donné que notre principal indicateur mondial est en baisse pour le cinquième mois consécutif et que l’indice Citi Economic Surprise est passé en territoire négatif, les obligations apparaissent comme une solution attractive, ou tout au plus moins repoussante. Ce positionnement est par ailleurs soutenu par le fait que 55% des gérants de fonds interrogés par Bank of America-Merrill Lynch sous-pondèrent les obligations du gouvernement américain, un niveau proche du record.
À première vue, les politiques des banques centrales offrent des arguments supplémentaires en faveur des obligations. Notre mesure mondiale de la liquidité s’oriente vers un resserrement des conditions monétaires. Toutefois, le ralentissement de la croissance pourrait donner aux décideurs politiques un moment de réflexion.
Bien que nous pensions que la faiblesse observée au premier trimestre n’est qu’un trou d’air dans un contexte de croissance solide, un deuxième trimestre marqué par des données insuffisantes pousserait peut-être la Réserve fédérale américaine à ralentir le rythme de son durcissement par rapport aux deux à trois hausses actuellement anticipées par les marchés. Cela pourrait aussi encourager la Chine à lancer de nouvelles mesures de stimulation.
Les valorisations ne présentent pas non plus de signal d’achat flagrant, aussi bien pour les actions que pour les obligations. Il est vrai que l’indice de référence des rendements des bons du Trésor américain à 10 ans a franchi la barre symbolique des 3% de rendement pour la première fois depuis 2014 (voir le graphique). Dans l’ensemble, les obligations restent toutefois onéreuses d’après nos modèles: inflation en hausse, resserrement de la Fed et croissance toujours solide suggèrent qu’un dépassement des rendements est possible.
Au bout du compte, nous trouvons donc des raisons d’augmenter le positionnement sur les obligations mais seulement d’un cran: de sous-pondéré à neutre. Elles se trouvent ainsi au même niveau que les actions.
Alors qu’une correction a des chances d’arriver à moyen terme, nous pensons qu’il est trop tôt pour sonner l’hallali des hausses boursières. Le récent ralentissement a poussé les valorisations des actions vers des niveaux neutres, générant de nouvelles opportunités d'achats. Le moindre signe d'une révision à la baisse des prévisions de durcissement de la Fed pourrait déclencher un ultime baroud d’honneur. Les indicateurs techniques soutiennent dans l’ensemble notre allocation d’actifs, puisqu’ils pointent vers un sentiment neutre à court terme pour les obligations comme les actions.