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Les risques de la récession aux Etats-Unis:

Juin 2018
Communication marketing

Economie américaine: Bip-Bip où Vil Coyote?

Si l'économie américaine tombait dans le vide il est peu probable qu'un filet de sécurité fiscale se mette en place. Il est aussi peu probable que America Inc vienne à la rescousse.

L'économie américaine se dirige-t-elle tout doit vers un précipice? La bonne nouvelle est que, si cela est le cas, elle en est encore loin. Il est peu probable que cela arrive au cours des prochains 12 à 18 mois.

Malheureusement, lorsque l'économie finit par brasser de l'air comme Vil le Coyote, il est peu probable qu'il y ait un filet de sécurité fiscale. En tant qu'ancien président de la Réserve Fédérale Américaine, Ben Bernanke a récemment averti que la folie des dépenses de Donald Trump n'était pas opportune car elle coïncidait avec un taux de chômage record à la baisse. Et la montée d'adrénaline qui en a résulté devrait s'atténuer lorsque les hausses du taux d'intérêt de la Fed auront leur plus fort impact sur l'économie, soit entre fin 2019 et début 2020.

La reprise actuelle de l'économie américaine est déjà la deuxième plus longue enregistrée. Depuis la dépression précédente en juin 2009, la croissance s'est poursuivie sans interruption pendant 108 mois. Seul le boom de mars 1991 à mars 2001 a duré plus longtemps. Par conséquent, de nombreuses personnes se sont demandées si ce cycle pouvait durer plus longtemps.

Il est peu probable que la fin de l'expansion soit imminente. Cela du fait que les précédentes crises ont été annoncées par deux événements précurseurs que nous n'avons pas encore constatés. Il s'agit tout d'abord d'un boom du secteur privé, surtout la dette des ménages et, dans un deuxième temps, d'un effondrement de l'écart de rendement entre les bons du Trésor américain à 10 ans et à 1 an.

Au début de la crise financière mondiale de 2008, la dette des ménages américains se situait près des 100% du PIB. Depuis, elle a chuté autour des 80%, ayant plafonné au cours de ces dernières années. Même avec des taux d'intérêt en hausse, qui ont fait augmenter les frais de service de la dette, les ménages américains sont relativement à l'aise.

Le tableau est sans doute moins positif lorsque l'on considère les emprunts d'entreprises. La dette des entreprises non financières a atteint son plus haut historique de plus de 73% du PIB, soit une hausse par rapport aux niveaux d'après crise qui étaient juste en dessous de 66%. Mais, encore une fois, il n'y a aucune raison de s'inquiéter tout de suite. Les réformes fiscales de Trump ont encouragé les bénéfices des entreprises américaines tout en supprimant les incitations à contracter une dette additionnelle.

Marge de manœuvre

Écarts de rendement des bons du Trésor américain, à 10 ans - à 1 an, points de base

Écart de rendement des bons
*Seuil optimal déterminé de telle façon à ce que les bénéfices des réussites soient égaux aux coûts des échecs
Source: Pictet Asset Management, Thomson Reuters Datastream. Données couvrant la période du 10.01.1976 au 19.06.2018.
Pendant ce temps, bien que les écarts entre les bons du Trésor à 10 ans et ceux à 1 an ont chuté suite au resserrement de la politique de la Fed, il n'y a aucun signe de danger immédiat ici non plus. Généralement, nos modèles montrent qu'une chute de l'écart à cinq points de base suggère qu'une récession va se développer dans les 18 mois à partir d'aujourd'hui. Actuellement, l'écart est de 63 points de base, ce qui était à peu près son niveau au milieu des années 90, lorsque le cycle devait durer plus longtemps. De façon générale, le modèle suggère que la probabilité actuelle d'une récession n'est que de 3% (bien qu'il faille se souvenir que les récessions ont tendance à être identifiées tardivement, et cela parfois seulement après que plusieurs trimestres se soient écoulés).
Cependant, lorsque l'expansion arrive à son terme, il est peu probable que America Inc. vienne à la rescousse. C'est parce que les entreprises américaines sont particulièrement réticentes à investir et préfèrent épargner ou rendre des liquidités aux actionnaires. Notre analyse des soldes financiers américains montre que le secteur public est le seul qui a été déficitaire ce dernier trimestre alors que tous les autres, ménages nationaux et entreprises nationales ainsi que les investisseurs étrangers, ont confirmé qu'ils continuaient à épargner. L'excédent financier des entreprises américaines est particulièrement élevé et se situe à 1,8% du PIB, soit le plus haut depuis 2010 (voir diagramme).
C'est un exercice d'équilibriste.

Soldes financiers trimestriels américains, en pourcentage du PIB

Excédent financier
Source: La Réserve Fédérale, Pictet Asset Management. Données couvrant la période allant du 01.10.1979 au 31.3.2018

D'autres données dressent un portrait similaire, avec un total d'investissement non résidentiel des entreprises aux Etats-unis à 12,8% du PIB, inférieur à la moyenne d'avant crise de 13,2%.

Cette répartition des soldes financiers est très inhabituelle à ce stade du cycle économique américain. On constate habituellement cela immédiatement après une récession lorsque le gouvernement encourage l'économie par des augmentations des dépenses publiques afin de compenser le recul des dépenses et de l'emprunt des ménages et des entreprises. 

Le déséquilibre va maintenant s'accentuer: le FMI s'attend à ce que le financement souverain américain net se rapproche de 6% du PIB l'an prochain. Qui payera l'addition?

Etant données les tensions commerciales frémissantes entre Washington et ses partenaires, il est peu probable que les Etats-Unis puissent compter sur les investisseurs étrangers pour financer leurs dépenses. Pour que les comptes s'équilibrent, il ne reste plus qu'aux entreprises et ménages nationaux à prendre le relais. Mais en économisant plus, ils consommeront moins.

En poursuivant son déficit fiscal, le gouvernement surenchérit sur les entreprises en matière de financement. En d'autres termes, l'état remplace l'activité d'investissement privée, un phénomène qui a tendance à peser sur la croissance.

Alors, bien que les dépenses du gouvernement peuvent aider à prolonger la reprise actuelle de l'économie, elles pourraient aussi exacerber la douleur lorsque la récession se produira enfin.