Allocation d’actifs: les risques de baisse demeurent
Les actions ont connu un mois exceptionnel, en partie grâce aux progrès continus des négociations commerciales sino-américaines et aux signaux timides de stabilisation de la production industrielle à travers le monde.
Cependant, les gains phénoménaux des marchés – les bourses mondiales ont grimpé de plus de 10% depuis le début de l’année – masquent le fait que l’économie mondiale n’est pas encore au bout de ses peines.
Les données économiques mondiales sont inférieures aux attentes du consensus pour le 14e mois consécutif, la plus longue période depuis la crise financière.
Exprimé en volume, le commerce mondial est à son plus bas niveau depuis 2009, tandis que la confiance des entreprises des économies développées est en chute libre. Parallèlement, les investisseurs semblent trop optimistes au sujet des perspectives de croissance des bénéfices des entreprises.
Dans ce contexte, les actions pourraient éprouver des difficultés à porter encore plus haut leur récent rebond. Nous maintenons donc notre sous-pondération sur les actions. Nous restons neutres vis-à-vis des obligations.
Nos indicateurs du cycle conjoncturel signalent invariablement les risques qui pèsent sur la croissance économique mondiale. Nos indicateurs avancés laissent entendre que la croissance du PIB mondial ralentira à 2,4% en rythme annuel d’ici au début du mois de juillet, contre 2,9% fin 2018, principalement en raison des économies développées.
Les pays émergents continuent de jouir de perspectives économiques souriantes. Nous prévoyons que leurs taux de croissance vont grimper jusqu’à atteindre 4,4% en 2019, contre 4,2% l’an dernier.
La surperformance des pays en développement doit beaucoup à la Chine, dont les récentes stimulations budgétaires et monétaires ont contribué à stabiliser la deuxième économie mondiale. La production industrielle chinoise a rebondi jusqu’à son niveau le plus élevé depuis 2014, tandis que la rapide chute des dépenses d’infrastructures et des ventes d’automobiles a cessé. L’économie russe devrait quant à elle bénéficier de la récente hausse des cours du pétrole.
Nos indicateurs de liquidité soutiennent ce positionnement prudent vis-à-vis des classes d’actifs risquées. Les conditions financières sont moins dures, mais elles ne sont pas totalement souples.
La Réserve fédérale américaine devrait encore retirer quelque 200 milliards USD de liquidités des marchés d’ici à septembre avec la réduction de la taille de son bilan et les mesures de relance monétaire chinoises se sont plus aussi prononcées.
Nous estimons que les marchés ont déjà intégré aux cours la perspective d’un nouveau coup de pouce monétaire au cours des prochains mois et avec une probabilité de 50% d’assister à une baisse des taux américains cette année.
Nos indicateurs des valorisations montrent que les actions ne sont pas particulièrement onéreuses. À travers le monde, ces titres s’échangent à un ratio cours-bénéfice de 17 et à un ratio cours/valeur comptable de 2, ce qui est supérieur à la moyenne de ces 35 dernières années pour ces deux données.
Nous restons préoccupés par la possibilité de voir les bénéfices des entreprises chuter lourdement après leur hausse de 15% l’an dernier. Nos modèles laissent entendre que les profits devraient seulement gagner 1% cette année, alors que le consensus table plutôt sur près de 7%.
Sur le marché du crédit, les obligations des gouvernements européens et japonais restent chères.
Les indicateurs techniques sont dans l’ensemble favorables aux actions et obligations.
Ils soulignent également que la volatilité implicite pour les marchés d’actions a fortement reculé ces derniers temps, tandis que l’indice MOVE de volatilité des obligations a également retrouvé un niveau historiquement bas.
Il est ainsi devenu rentable de lancer des options d’achat pour se couvrir contre la possibilité d’un rebond des actions déraisonnable et uniquement fondé sur le moral des investisseurs, à l’image de ce qui s’était produit en 1999. Un tel risque est particulièrement élevé, car les données relatives aux flux de portefeuille montrent que les investisseurs institutionnels n’ont pas encore pleinement pris part à la récente vague de hausses.