I am Article Layout

Sélectionnez votre profil:

Contenu réservé au type d'investisseur sélectionné.

Perspectives pour les actions japonaises

Septembre 2020
Communication marketing

Les abenomics, sans Abe

Pourquoi le départ du Premier ministre Shinzo Abe ne va pas freiner le renouvellement de l’économie et des entreprises du Japon

Les abenomics peuvent-ils survivre au départ de leur créateur?

Certains investisseurs en doutent. Lorsque le Premier ministre japonais Shinzo Abe a annoncé sa démission le 28 août, les marchés boursiers ont vacillé et le yen a bondi. Le programme de revitalisation de l’économie qu’il a échafaudé – l’association d’une politique monétaire ultra-accommodante, d’une relance budgétaire agressive et de réformes structurelles – allait-il être mis à la retraite en même temps que lui?

Ces craintes semblent toutefois largement infondées.

Les politiques d’Abe devraient perdurer indépendamment du prochain Premier ministre et elles maintiendront les conditions qui ont contribué à affaiblir le yen, doper les exportations japonaises et faire grimper les actions japonaises de 224% sur les huit dernières années1.

Bien évidemment, les marchés financiers de l’archipel ne pourront pas échapper à quelques poussées de volatilité au cours des semaines à venir avec l’intensification de la bataille pour la succession d’Abe. Cependant, compte tenu de la solide majorité détenue par le parti libéral-démocrate au pouvoir, il est peu probable que le nouveau chef du Gouvernement appelle à un changement radical. Les candidats de continuité ne manquent pas. 

Parmi les principaux prétendants figurent le Secrétaire général du Cabinet, Yoshihide Suga, ainsi que le ministre de la Défense, Taro Kono, tous deux fervents supporters des politiques menées par Abe.

Les chances de voir la politique monétaire changer de cap sont encore moins grandes.

Haruhiko Kuroda, le gouverneur de la Banque du Japon, qui accomplit actuellement son deuxième mandat de cinq ans jusqu’en 2023, maintiendra le cadre monétaire ultra-accommodant qu’il a mis en place peu après sa nomination par Abe.

Dans ses efforts visant à mettre fin à la déflation, le dirigeant de la BOJ a conduit les taux d’intérêt à court terme vers un niveau historiquement bas de -0,1% et il a également maintenu les rendements obligataires à 10 ans autour de 0%. Cela ne signifie pas pour autant qu’il sera totalement inflexible. Kuroda n’est que trop conscient des effets secondaires négatifs de ses politiques, en particulier sur les banques japonaises, qui ont peiné à générer des profits depuis que la courbe des taux s’est aplatie. La politique monétaire restera de toute façon souple pendant son mandat et peut-être même au-delà. 

La prochaine administration ne devrait vraisemblablement pas non plus resserrer les cordons budgétaires. Lorsque Shinzo Abe a lancé son programme de relance de près de 1 000 milliards de dollars US pour riposter contre la crise du coronavirus, certains parlementaires du parti au pouvoir ont réclamé encore davantage de dépenses.

La voie tracée par Abe pour améliorer les normes de gouvernance des entreprises japonaises est sans retour. ... les choses changent à une vitesse incroyable.

Par ailleurs, la voie tracée par Abe pour améliorer les normes de gouvernance des entreprises japonaises est sans retour.

Le changement d’attitude et de comportement des entrepreneurs de l’archipel vis-à-vis des facteurs environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) a vraiment été remarquable.

Les reformes menées par Abe en matière de responsabilité et de gouvernance partaient peut-être du sommet, mais elles ont suscité l’enthousiasme des actionnaires et des dirigeants de sociétés.

Les améliorations en matière de gouvernance sont certes un chantier en cours, mais les choses changent à une vitesse incroyable.

Par exemple, la part de sociétés cotées au premier marché de la bourse de Tokyo qui comptent au moins deux administrateurs indépendants à leur conseil est passée de 18% en 2013 à 91% en 2018. Les investisseurs du pays sont conscients de l’importance d’un tel changement. Néanmoins, les investisseurs étrangers, dont l’allocation en actions japonaise est retombée plus bas qu’en 20122, ignorent ce pan des abenomics, à leurs risques et périls.  

Avec l’instauration des améliorations en matière de gouvernance d’entreprise, la rentabilité des capitaux propres (RoE) des sociétés japonaises a été multipliée par deux pour atteindre 9,5% en 2018, contre seulement 4% en 2012 (voir le graphique).

L’esprit du kaizen
Rentabilité des capitaux propres du TOPIX
Rentabilité des capitaux propres du TOPIX
Source: Bloomberg, données couvrant la période allant du 29.06.2012 au 31.01.2019

Le RoE est peut-être plus élevé aux États-Unis, mais il est alimenté par la dette. À l’inverse, les sociétés nippones regorgent de trésorerie.

De plus, contrairement à la difficile période post-krach avant l’arrivée de Abe, ces liquidités ne restent pas dans des bas de laine. Poussées par les réformes des abenomics, les sociétés cherchent à utiliser leurs fonds pour croître et augmenter les performances pour les actionnaires. Les investisseurs à long terme devraient donc passer outre le bruit de fond politique et se concentrer sur les changements structurels qui se produisent au Japon.

Le départ de Shinzo Abe ne freinera pas cette dynamique.