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Perspectives annuelles sur l’allocation d’actifs

Novembre 2020
Communication marketing

L’environnement de l’investissement en 2021

Nous devrions assister à une forte reprise de l’économie mondiale au cours de l’année à venir après les ravages de la pandémie. Les actifs des marchés émergents devraient briller.

01

Aperçu: Un retour (presque) à la normale

Il y a de l’optimisme dans l’air, à juste titre. La Covid-19 est mieux traitée, et un vaccin efficace devrait être disponible d’ici quelques mois. Cela améliore les perspectives de reprise de l'économie mondiale et des bénéfices des entreprises.

Cependant, le retour à la normale d’avant la pandémie prendra du temps. 2021 ne sera que le début de la transition.

Une chose est sûre: les marchés émergents seront le moteur de la reprise économique en 2021, emmenés par la Chine et soutenus par un affaiblissement du dollar US.

La reprise de l'emploi et les niveaux records d’épargne des ménages devraient faire grimper les dépenses des consommateurs dans le monde entier. L’investissement sera également dopé par l’augmentation des bénéfices et des cycles de maintenance. La situation du commerce aussi s’améliore à grand pas et, si les dépenses dans les services resteront en-deçà des niveaux d’avant la pandémie, ce secteur devrait lui aussi reprendre des couleurs. 

Les investisseurs doivent également s’attendre à ce que l’environnement grimpe dans l’échelle des priorités en 2021 et alimente la croissance dans des secteurs comme les énergies propres. La victoire de Joe Biden aux élections présidentielles américaines donnera un nouvel élan à ce changement. Partout dans le monde, les investissements verts feront partie intégrante des plans de relance budgétaire, alimentant une reprise économique forte et synchronisée.  

Nos indicateurs de cycle conjoncturel indiquent une croissance à un chiffre du PIB mondial en 2021, se situant dans le milieu de la fourchette, mais les effets de base positifs ne peuvent effacer les dommages à long terme causés par la pandémie. Nous estimons que les retombées de la Covid-19 entraîneront une réduction durable du PIB mondial de 4 points de pourcentage (voir fig. 1). Il faudra des années pour que l’économie mondiale revienne aux niveaux antérieurs à la Covid-19.

L'écart de croissance entre les marchés émergents et développés va s'accentuer au profit des actions et des obligations des pays en développement, grâce notamment à la Chine.  Cette dernière est la seule grande économie à éviter une contraction cette année. De la production industrielle aux ventes et exportations de voitures, la plupart des grands indicateurs de l’activité économique de la Chine sont déjà revenus aux niveaux de décembre 2019, voire les dépassent et devraient encore croître. Les ventes au détail sont légèrement à la traîne, mais nous tablons sur une reprise progressive de la consommation des ménages dans les prochains mois. 

Fig. 1 - Perte économique
PIB réel: comparaison de l’historique avec les perspectives avant et après pandémie, 100 = T1 2005
PIB réel: comparaison de l’histoire avec les perspectives avant et après pandémie
Source: Refinitiv Datastream, Pictet Asset Management, CEIC. Les lignes continus correspondent aux prévisions actuelles, les lignes discontinues montrent la tendance sur 10 ans. Données au 17.11.2020.

Les perspectives à court terme de l’économie américaine dépendent du programme d'allègement budgétaire en cours de négociation. Un plan d’environ mille milliards de dollars US – notre scénario de base – pourrait pousser la croissance américaine au-delà de 5% l’année prochaine. 

Au niveau mondial, toutefois, nous nous attendons à une réduction des mesures de relance budgétaire par rapport à 2020. Si nous ne misons pas sur un retour aux politiques d’austérité, nous pensons toutefois que le nombre de nouvelles mesures prises va diminuer. Les banques centrales amortiront les chocs en maintenant des taux bas et les mesures de stimulation. Toutefois, les conditions d’accès aux liquidités sont encore susceptibles de se dégrader. Nous pensons que le total des actifs des grandes banques centrales n’augmentera que de 3 000 milliards de dollars US l’année prochaine, soit le double de la moyenne annuelle observée lors de la crise financière de 2008, mais beaucoup moins que le record de 8000 milliards de 2020. 

Par le passé, nous avons vu que cela joue sur les primes de risque. Nos modèles suggèrent que le ratio C/B des actions mondiales pourrait s’effondrer de près de 15% l’année prochaine. Cette baisse devrait néanmoins être largement compensée par environ 25% d’augmentation des bénéfices des entreprises. 

Les rendements des obligations d'État des pays développés devraient évoluer légèrement à la hausse, modérés par l’action des banques centrales, qui pourrait passer par une augmentation de la taille du bilan de la Banque centrale européenne et un contrôle de la courbe des taux par la Réserve fédérale américaine.

02

Actions : La Chine et le Japon devraient enregistrer les plus forts gains en 2021

La sortie de la pandémie de Covid-19 devrait doper les actions mondiales en 2021.

Les mesures agressives de relance budgétaire et monétaire prises depuis mars par les grandes puissances économiques devraient entraîner un fort rebond du commerce, de la consommation et des dépenses d’investissement en 2021 qui, à son tour, devrait se traduire par une croissance à deux chiffres des bénéfices des entreprises.

Les actions mondiales devraient progresser de 10% à 15% en 2021, pour une croissance annuelle des bénéfices des entreprises d’environ 25%, qui compensera très largement la contraction anticipée des multiples cours-bénéfices des actions.

Ces plus-values masqueront cependant une nette disparité des rendements des marchés régionaux.

La résilience de l’économie chinoise, qui a bénéficié à ses cours boursiers et contribué à sa croissance de près de 30% en 20201, restera  un moteur positif. Autrement dit, les actions chinoises devraient encore tenir le haut du pavé l’année prochaine, soutenues par des mesures de stimulation continues de Pékin. Selon les estimations du FMI, la Chine devrait être la seule grande puissance économique à avoir une politique budgétaire expansionniste l’année prochaine — son «élan budgétaire» (évolution des dépenses publiques) se situant à 0,7% du PIB2. À l’inverse, toutes les autres grandes économies devront resserrer les «rênes budgétaires» en 2021 après les avoir considérablement relâchées tout au long de cette année.

Le Japon est appelé à profiter de la forte reprise économique de son voisin et de sa propre réponse efficace à la pandémie. Son marché boursier, dont la pondération relative est supérieure à celle de nombreux autres marchés dans des secteurs cycliques comme l’industrie et l’automobile3, est bien placé pour tirer profit de la reprise du commerce mondial et des dépenses d’investissement alors que le monde sort du confinement.

La troisième puissance économique mondiale connaît déjà un fort rebond et devrait s’appuyer sur celui-ci dans les trimestres à venir grâce aux mesure de stimulation monétaire de la Banque du Japon. Qui plus est, le marché boursier japonais devrait être le principal bénéficiaire de rendements réels encore plus faibles à l’échelle mondiale. Comme le montre la figure 2., les multiples cours-bénéfices des actions japonaises augmentent plus fortement que ceux de la plupart des autres marchés boursiers lorsque les prévisions d’inflation gagnent en ampleur. La réforme des entreprises lancée par le Premier ministre Yoshihide Suga complète l’attrait du marché.

Fig. 2 - Japon: pari sur la reprise mondiale
Valorisation relative du MSCI Japan et rendement US protégé contre l’inflation
Valorisation relative du MSCI Japan et rendement US protégé contre l’inflation
Source: Refinitiv, Pictet Asset Management. Données couvrant la période allant du 31.08.2012 au 06.11.2020.

Ailleurs, nous nous attendons à ce que les marchés émergents profitent de la reprise en V de la Chine et de l’affaiblissement du dollar.

Les bénéfices des entreprises émergentes devraient connaître un net rebond et croître d’environ 33% l’année prochaine après une baisse attendue du BPA de 9% en 2020 , soit une contraction moins marquée que celle observée dans les pays  développés.

Les risques liés à la persistance des cas de Covid pèseront sur les marchés américains et européens, mais l’ambitieux programme de Joe Biden en matière de climat ainsi que le new deal écologique de l’Europe devraient entraîner une surperformance des secteurs liés à l’environnement, notamment des énergies propres.

Les perspectives les plus prometteuses sont pour les actions cycliques sensibles à la reprise des dépenses d’investissement, comme les valeurs industrielles et les matériaux. Ces secteurs devraient profiter de la demande latente des entreprises qui doivent mettre à niveau leur technologie. Ils offrent une exposition à la réflation mondiale sans être influencés par les vents contraires que sont les stratégies séculaires et les critères ESG, qui pèsent sur d’autres secteurs cycliques comme les banques et l'énergie.

Nous sommes toutefois moins convaincus que les entreprises technologiques parviendront à renouveler leurs excellentes performances de 2020.

Chouchous de l’ère Covid, les géants technologiques ont attiré d’énormes investissements, le secteur ayant profité de la demande de commerce en ligne et de télétravail pendant les confinements. Cependant, le ciel s’assombrit actuellement pour ce secteur technologique, dont les valorisations sont élevées. Il constitue le secteur le plus onéreux de notre grille après celui des biens de consommation discrétionnaire. 4

En outre, de plus en plus de voix s’élèvent pour réclamer une supervision réglementaire plus étroite du secteur, les législateurs américains proposant des réformes antitrust majeures qui pourraient déboucher sur le morcellement de certaines entreprises. 

Cependant, en l’absence d’une très forte hausse de l’inflation et des rendements obligataires, nous pensons qu’il est prématuré de tourner entièrement le dos aux actions de croissance au profit des entreprises «value» délaissées, dont les valeurs se négocient à une décote attrayante et ont tendance à surperformer en période de croissance de la propension au risque (banques, par exemple).

03

Obligations et devises: les conditions s'améliorent pour les obligations émergentes, TIPS

Si nous tablons sur une forte reprise de l’économie mondiale en 2021 après les ravages faits par la pandémie, nous pensons toutefois que la hausse de la croissance du PIB ne devrait pas entraîner de vagues de ventes sévères pour les obligations d'État des marchés développés. Cela s’explique principalement par le fait que les banques centrales  ne prendront pas de risques inutiles en l’absence d’une hausse soutenue de l’inflation, qui attendra plusieurs années selon nous.

La BCE et la Fed feront le nécessaire pour maintenir une politique accommodante et assurer une reprise autosuffisante. Au niveau de la BCE, cela implique davantage de rachats d’obligations et des conditions encore plus attractives pour les prêts bancaires; la Fed pourrait, quant à elle, ajouter un contrôle de la courbe des taux (lié à des objectifs de rendement obligataire spécifiques) à ses mesures anti-crise.

L’inflation restera faible l’année prochaine, inférieure aux niveaux visés par les banques centrales. Cependant, la combinaison d’une forte croissance, d’une hausse des prix des matières premières et de faibles taux d’intérêt alimentera un relèvement modéré des prévisions d’inflation.

Ainsi, si les investisseurs ne devraient miser que sur une très légère progression des rendements nominaux des obligations d'État en 2021 (nous prévoyons une augmentation des rendements des bons du Trésor à 10 ans de 1%), ils devraient également se préparer à une baisse des rendements réels.

Fig. 3 - Augmentation de la pression sur les prix
Prévisions d’inflation aux États-Unis (anticipation du taux d’inflation à 5 ans dans 5 ans, %)
Prévisions d’inflation aux États-Unis
[Source: Refinitiv, Pictet Asset Management, données couvrant la période allant du 31.12.1997 au 18.11.2020.

Le retour de l’inflation pourrait alors profiter aux bons du Trésor américain protégés contre l’inflation (TIPS). Nous pensons qu’ils vont surperformer toutes les obligations nominales des marchés développés. Les rendements réels devraient en effet rester proches de -1%  alors que les prévisions d’inflation prendront de l’ampleur (voir fig. 3).

Une année caractérisée par une croissance mondiale saine et une intensification du commerce international devrait aller de pair avec une bonne santé des obligations en devise locale des marchés émergents. Ces dernières font partie des rares actifs obligataires offrant un rendement supérieur à 4%. S’ajoute à cet attrait la perspective d’une forte hausse des devises des marchés émergents, qui devrait prendre de l’ampleur au gré du redressement de l’économie mondiale et de l’apaisement des tensions commerciales sous l’administration Biden. Selon notre modèle, les devises émergentes sont actuellement sous-évaluées de près de 25% par rapport au dollar américain. La dette chinoise en renminbi devrait connaître une année  très solide, profitant non seulement de son rendement attrayant par rapport aux obligations des pays développés, mais aussi de la présence accrue de cette classe d’actifs dans les principaux indices de référence obligataires.

Les perspectives des obligations d’entreprise des marchés développés sont mitigées. Les obligations à haut rendement pourraient avoir moins de succès que prévu. Cela peut sembler inhabituel pour un investisseur obligataire expérimenté, les obligations de qualité inférieure à investment grade étant historiquement privilégiées aux actions dans la dernière phase d’une récession et au début d’une reprise. Cette fois cependant, la dette à haut rendement est déjà chère compte tenu des attentes concernant le rôle de filet de sécurité des banques centrales et le retour rapide des taux de défaut à la norme historique.

Historiquement, la surperformance des obligations à haut rendement a tendance à prendre de l’ampleur quand l’écart entre leurs rendements réels et ceux du dividende des actions était supérieur à 10%. Cette forte progression s’essouffle ensuite dès lors que l’écart de rendement se rapproche de 3 à 5%. L’écart de rendement se situant actuellement à 1,5%, la marge de bénéfice des obligations à haut rendement semble très limitée.

Les obligations d’entreprises de qualité investment grade sont plus attrayantes, leurs rendements par rapport à ceux des bons du Trésor américain étant faibles par rapport aux niveaux habituellement observés à ce stade du cycle économique.

Côté devises, 2021 ne devrait pas être une bonne année pour le dollar. Il y a plusieurs raisons à cela. Tout d’abord, le billet vert devrait perdre de son attrait face à une reprise économique mondiale synchronisée. Ensuite, il y a la perspective de hausse du déficit budgétaire américain et d’une intervention continue de la Fed – une expansion budgétaire et monétaire qui va probablement exercer une pression à la baisse sur la devise. Le dollar continue de s’échanger bien au-dessus des fondamentaux et les écarts de taux d’intérêt et de croissance par rapport au reste du monde développé se sont réduits par rapport aux niveaux antérieurs à la pandémie de Covid.

L’or devrait continuer à grimper – selon nos estimations, son prix atteindra USD 2000 d’ici la fin 2021. La poursuite de l’assouplissement quantitatif appliqué par les banques centrales du monde entier, une trajectoire plus faible pour le dollar et un retour dans le négatif des taux réels devraient soutenir la demande d’or.

04

Annexe: Rendements des actions

Fig. 4 - Rendements des revenus
MSCI AC World, composition du rendement total par année civile, %
Répartition des rendements des actions
Source: Refinitiv Datastream, Pictet Asset Management. Données au 17.11.2020; les chiffres de 2021 sont des prévisions.