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Les fondamentaux économiques dopent la dette des marchés émergents

Décembre 2020
Communication marketing

Les obligations locales émergentes brillent dans un monde à faible rendement

Avec des rendements des marchés développés à zéro, les obligations locales des ME (marchés émergents) semblent de plus en plus attractives, notamment en raison des fondamentaux solides de ces économies.

Les étoiles s’alignent pour la dette locale des marchés émergents. Cette classe d’actifs est certes dans le marasme avec la crise financière mondiale, mais elle est appelée à surperformer grâce à une série de facteurs positifs, de fondamentaux économiques solides à la perspective de politiques à taux zéro dans les économies développées dans les années à venir, en passant par la sous-évaluation des devises des marchés émergents. Autant d’arguments justifiant l’intégration de cette classe d'actifs dans les portefeuilles désormais avides de rendement. 

Des fondamentaux convaincants

Ces fondamentaux économiques positifs étayent l’argument d’un rendement solide provenant des actifs des marchés émergents, leur permettant de remplacer le rendement que les autres investissements ne fournissent plus.  

La pandémie de Covid a ravagé les économies du monde entier, mais les pays émergents connaissent un fort rebond. Mis à part le secteur des services, l’activité économique est globalement revenue aux niveaux de décembre 2019 pour l’ensemble de ces pays. 

Bien entendu, cette vigueur repose largement sur une économie chinoise très dynamique, affichant des ventes de voitures, des chiffres de construction, une production industrielle et des exportations bien supérieures aux niveaux de l’an passé, les ventes au détail étant très légèrement inférieures seulement. La reprise plus générale devrait cependant être de plus en plus autonome. Cette dynamique est soumise la large disponibilité des vaccins contre la Covid-19 dans les mois à venir.

Les économies émergentes surperforment effectivement leurs homologues des marchés développés. La production industrielle des marchés émergents dépasse ainsi les niveaux du quatrième trimestre 2019 alors qu’elle continue à accuser un retard d’environ 6 points de pourcentage dans les économies développées. L’influence accrue de l’industrie dans les économies émergentes par rapport aux services (qui représentent environ 70% dans les MD, contre 54% dans les ME) est un facteur clé du différentiel entre les performances économiques.

Fig. 1 - Rendements réels
Rendements des obligations d’État à 10 ans corrigés des données d’inflation IPC de base
Rendements des obligations d’État à 10 ans corrigés de des données d’inflation IPC de base
Source: Pictet Asset Management, CEIC, Refinitiv, Bloomberg. Données au 31.10.2020.

Parallèlement, les perspectives du commerce mondial sont de plus en plus moroses. Il s’agit d’un aspect essentiel pour les ME compte tenu de leur dépendance relativement grande aux exportations par rapport aux pays développés. Le commerce mondial souffrait déjà des politiques défavorables menées sous l’impulsion de Donald Trump, notamment contre la Chine, au moment où la crise du coronavirus a frappé. La reprise a été tout aussi nette. Ce redressement devrait se poursuivre sous la présidence de Joe Biden. Certes, il est peu probable que les tensions commerciales entre les États-Unis et la Chine disparaissent complètement. Le contexte géopolitique devrait faire en sorte que les deux géants restent méfiants l’un vis-à-vis de l’autre. Mais les relations entre les États-Unis et ses autres partenaires commerciaux devraient être beaucoup plus cordiales et moins fragiles.

Une demande mondiale de plus en plus forte, notamment en provenance de Chine, continuera de soutenir les prix des matières premières. Compte tenu du poids relatif des exportations de matières premières dans leurs économies, ce soutien devrait également profiter aux pays émergents.

Une valorisation attrayante

En tant que classe d'actifs, la dette des marchés émergents libellée en devise locale a été source de frustration pour de nombreux investisseurs depuis dix ans. Les rendements des investissements n’ont pas réussi à suivre l’évolution positive constante des fondamentaux. Cela s’explique toutefois en grande partie par des facteurs externes difficiles, comme une forte appréciation du dollar. Une série de gros titres négatifs concernant une poignée de pays émergents de premier plan n’a fait qu'accroître la prudence des investisseurs.

Cependant, l’amélioration des perspectives macroéconomiques et politiques mondiales s’inscrit désormais dans un contexte de valorisations très attractives allié à des positions historiquement faibles des investisseurs sur la dette émergente en monnaie locale. Les investisseurs en quête de rendement sont donc de plus en plus attirés vers cette classe d’actifs. Les perspectives de croissance économique devraient se traduire par une vigueur relative des devises émergentes. Cette pression à la hausse est soutenue par les différentiels de taux d'intérêt. Presque toutes les obligations d'État à 10 ans des principaux pays développés affichent des rendements réels négatifs ou nuls. Avec 76% de la dette souveraine des marchés développés (MD) se négociant désormais à des rendements réels négatifs, les investisseurs des MD sont contraints de se tourner vers des alternatives.

Fig. 2 - Valorisation en baisse
Valorisation des devises des marchés émergents par rapport au dollar US
Valorisation des devises des ME par rapport au dollar US
*Taux de change non pondérés de 31 ME face à l’USD
** Selon les prix relatifs, la productivité relative et les actifs étrangers nets
Source: Pictet Asset Management, CEIC, Refinitiv. Données couvrant la période du 01.01.1980 au 01.12.2020.

Cette tendance devrait durer, dans la mesure où la Réserve fédérale américaine et la Banque centrale européenne se sont engagées à maintenir les taux d’intérêt à un niveau proche ou égal à zéro et à exercer une pression à la baisse sur les rendements tout au long de la courbe.

En revanche, la dette souveraine équivalente de la plupart des marchés émergents offre des rendements réels positifs solides, allant de 2% à un peu moins de 6% (voir fig. 1). Les économistes de Pictet Asset Management estiment que les devises émergentes sont sous-évaluées d’environ 25%, ce qui devrait leur apporter un soutien supplémentaire (voir fig. 2).

Rendant les obligations souveraines des marchés émergents encore plus attrayantes, les niveaux d’endettement dans les économies des marchés émergents sont considérablement plus faibles que dans les pays développés. Pour 2021, nos économistes prévoient un ratio dette/PIB de 66% pour les ME, contre 127% pour les MD en 2021.

Surfer sur la vague

Les marchés émergents pèsent désormais environ 50% du PIB mondial. Cette part ne fera qu’augmenter à mesure qu’ils se rapprocheront des pays développés en termes de production par habitant. Les actifs des marchés émergents représentent pourtant une fraction anormalement faible des portefeuilles des investisseurs. Leur proportion n’a en effet cessé de diminuer ces dernières années. La détention étrangère de nombreuses obligations émergentes libellées en devise locale a ainsi presque atteint son plus bas niveau depuis 10 ans (voir fig. 3).

Actuellement, les flux sont cependant redirigés vers les actifs des marchés émergents. Les obligations des ME libellées en devises fortes ont été dopées par la  demande des investisseurs étrangers en quête de rendement. Plus la solidité des fondamentaux  des économies émergentes sera évidente, plus il y aura d’investisseurs qui s’intéresseront aux avantages offerts par les obligations émergentes en devise locale. L’absence de positionnement pourrait alors entraîner une hausse soudaine et spectaculaire des prix. Le rythme de ce mouvement devrait être accéléré par le fait que les obligations émergentes en devise locale sont de plus en plus facilement accessibles. La demande, à son tour, sera soutenue par une base de plus en plus large d’investisseurs institutionnels locaux. En effet, les flux de capitaux à destination des ME atteignent leur niveau le plus élevé depuis près de dix ans. Au quatrième trimestre 2020, ils devraient être les plus élevés depuis le premier trimestre 2012.

Qui plus est, cette étape du cycle économique mondial (reprise économique mondiale après un ralentissement, avec une dynamique de croissance forte), est la plus propice à une surperformance des actifs à risque. Elle devrait notamment profiter aux devises et aux obligations des marchés émergents.

Fig. 3 - Sous-représentation
Détention étrangère de la dette des marchés émergents, % des obligations en circulation 
Détention étrangère d’obligations des marchés émergents
Source: Haver Analytics, Morgan Stanley Research. Données couvrant la période du 31.01.2012 au 31.10.2020.
Dans un contexte où les rendements des actifs sont très largement annihilés par des politiques monétaires agressives, les économies émergentes continuent à offrir des rendements réels positifs (obligations évaluées en devises locales notamment). Parallèlement, leurs fondamentaux économiques solides devraient soutenir ces devises face au dollar, avec des hausses à la clé pour les investisseurs étrangers. Pour les investisseurs plus prudents, un mélange d’obligations émergentes libellées en devises fortes et en devises locales offre des rendements attrayants et une moindre influence des devises. Autrement dit, les obligations émergentes locales sont une aubaine pour les investisseurs en quête de rendement.