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Décembre 2018
Communication marketing

Fermez les écoutilles

Alors que les perspectives pour l’économie mondiale se sont légèrement assombries et que les conditions d’accès aux liquidités sont tout sauf solides les classes d’actifs les plus risquées vont devoir affronter une période difficile.

01

Allocation d’actifs: retirons nos billes

À l’approche de la fin de 2018, plusieurs raisons poussent les investisseurs à la prudence. Même si Jerome Powell, le président de la Réserve fédérale américaine a surpris par son ton accommodant à la fin du mois, de nombreux écueils possibles se profilent face aux marchés financiers. Citons parmi eux les tensions commerciales mondiales, le Brexit et les troubles que connait l’Italie. 

Parallèlement, les perspectives pour l’économie mondiale se sont légèrement assombries, les conditions d’accès aux liquidités continuent de se dégrader et les indicateurs techniques sont au rouge pour la plupart des principales classes d’actifs. 

Bien sûr, il reste encore des opportunités d’investissement attractives à débusquer, notamment après les récentes turbulences observées sur les marchés. Néanmoins, dans l’ensemble, nous pensons que l’association de l’incertitude sur l’avenir et des difficiles conditions actuelles impose une réduction de notre exposition aux classes d’actifs risquées. Nous avons donc décidé d’abaisser notre positionnement face aux actions à neutre et d’augmenter les obligations à neutre.

grille d’allocation d’actifs mensuelle
décembre 2018
Grille d’allocation d’actifs de Pictet en décembre
Source: Pictet Asset Management

Nos indicateurs du cycle conjoncturel se sont dégradés pour les États-Unis, le Japon et la Suisse par rapport au mois dernier. Les principales mesures présentent dorénavant des évolutions économiques neutres ou négatives dans pratiquement toutes les régions. La seule exception est la Chine, où les stimulations menées par le gouvernement commencent à se convertir en dépenses d’infrastructures supplémentaires et les ventes au détail, hors automobile, tiennent plutôt bien le coup.

Pour le reste du monde cependant, le moral des opérateurs est à son plus bas niveau depuis deux ans, d’après les données d’IHS Markit. Les dernières enquêtes laissent entendre que la croissance de l’économie mondiale sera inférieure à 3% l’an prochain, ce qui signifie que les attentes du consensus vont devoir être révisées à la baisse.

ralentissement de la croissance

PMI mondiaux 

graphique des PMI mondiaux
* 34 PMI industriels pondérés selon le PIB. Source: Thomson Reuters Datastream. Données couvrant la période du 01.10.2016 au 31.10.2018. 
 

Le marché du logement américain suscite de grandes inquiétudes: l’activité y a fortement marqué le pas, l’inflation des prix a atteint son maximum au premier trimestre et les taux des crédits à 30 ans ont grimpé à 5% après avoir touché un plancher inférieur à 3,5% en 2016.

La forte contraction des liquidités est partiellement responsable de cette situation. Au cours des 12 derniers mois, le volume de crédit mis à disposition par les banques centrales et les banques privées par rapport au PIB des États-Unis, de Chine, de la zone euro, du Japon et du Royaume-Uni s’est réduit de moitié pour s’établir à un niveau équivalent à seulement 8,3%1.

Pour la première fois depuis la crise financière mondiale, nous prévoyons que ces cinq grandes banques centrales vont, au total, revendre les actifs financiers qu’elles ont accumulés en raison de l’assouplissement quantitatif. Les répercussions sur le cycle conjoncturel seront négatives, notamment aux États-Unis, dans les secteurs économiques les plus sensibles aux taux d’intérêt, y compris pour les investissements des entreprises.

Les indicateurs techniques prêchent eux aussi en faveur de la prudence, avec des actions des secteurs cycliques qui ne présentent pas un tableau particulièrement reluisant. Dans le même temps, l’or, qui est traditionnellement un refuge, est toujours fortement survendu, ce qui pourrait accentuer tout rebond des cours si les investisseurs venaient à craindre davantage le risque.

Les valorisations soutiennent notre positionnement neutre vis-à-vis des actions mondiales, qui ne paraissent actuellement ni particulièrement chères ni bon marché : le ratio cours-bénéfice à terme sur 12 mois de l’indice de référence MSCI ACWI se situe à un niveau que nous considérons raisonnable de 13,7. Les obligations restent dans l’ensemble onéreuses, même si cela masque quelques poches de valeur, notamment dans la dette locale des marchés émergents.

02

Régions et secteurs des actions: pas de miracle de Noël en vue

Il semble peu probable que les marchés d’actions mondiaux connaissent un fort rebond en fin d’année. Même après la dernière correction, qui a fait reculer les actions mondiales de 1% supplémentaire en novembre, nous restons prudents. Le ralentissement de la croissance économique et les tensions commerciales entre la Chine et les États-Unis n’augurent rien de bon pour les marchés d’actions.

Les perspectives de bénéfices des entreprises ne sont pas non plus brillantes. Dans tous les secteurs, des sociétés subissent les baisses de bénéfices les plus fortes de ces deux dernières années. La croissance des bénéfices mondiaux des entreprises devrait être divisée par deux pour s’établir à 7% l’an prochain, contre 13% cette année.

Nous maintenons notre position sous-pondérée sur les États-Unis. Nous pensons que la croissance des bénéfices des entreprises américaines va chuter à 7%, contre 23% cette année, la plus forte baisse parmi toutes les grandes régions.

Le Japon reste la zone que nous privilégions. Même si l’économie subit un ralentissement de la croissance des exportations, le marché des actions de l’archipel présente encore des valorisations intéressantes. Le faible niveau d’endettement des sociétés japonaises est un autre avantage: en moyenne, elles présentent un ratio dette nette/EBIDTA de 1,48%, inférieur au reste du monde développé.

Nous conservons le positionnement neutre sur la zone euro. Bien que nous ayons pu observer une légère amélioration de l’économie de la région et que les valorisations y sont relativement bon marché, les craintes liées à la dette italienne pourraient s’étendre au cours des mois à venir et toucher l’activité des entreprises.

Les actions des marchés émergents sont toutefois attractives. L’activité économique des pays en développement résiste mieux que dans les économies avancées, notamment grâce à la solidité de la Chine.

Les actions des marchés émergents présentent des valorisations intéressantes, principalement en raison des devises de ces pays, qui s’échangent à des niveaux inférieurs à la juste valeur que nous leur attribuons. Les prévisions croissantes sur un ralentissement du rythme des resserrements monétaires de la Fed pour l’année à venir, qui pourraient affaiblir le dollar , devraient également soutenir les marchés émergents.

En outre, de nombreux investisseurs redoutent toujours les marchés émergents dans leur ensemble, ce qui constitue pour nous un indicateur contraire haussier.

de nouvelles corrections pour les actions sensibles au climat économique?

Performance des valeurs cycliques par rapport aux actions défensives, indexées

graphique des cycliques par rapport aux défensives
Source: Thomson Reuters Datastream. Données couvrant la période allant du 27.11.1985 au 28.11.2018

Sur le plan sectoriel, nous abaissons les actions des matériaux et de l’énergie sur fond de volatilité des marchés des matières premières.

Nous avons également réduit la voilure pour notre surpondération de la santé, en partie à cause des valorisations élevées, mais aussi de l’incertitude réglementaire aux États-Unis, où les prix des médicaments pourraient devenir l’un des rares terrains d’entente entre les démocrates et les républicains lors de cette législature divisée.

Selon nous, les actions défensives vont surperformer leurs homologues cycliques. Les biens de consommation discrétionnaire et l’informatique s’échangent à des niveaux inhabituellement élevés, ce qui les expose à un ralentissement économique. C’est pourquoi nous avons relevé les services aux collectivités à neutre.

03

Obligations et monnaies: à la recherche de la dette émergente en devise locale

Un discours accommodant du président de la Fed, M. Powell, a alimenté les attentes sur un ralentissement du resserrement monétaire opéré par la banque centrale au cours des mois à venir, ce qui soutiendrait les obligations en devise locale des marchés émergents, notamment s’il permet de réduire la pression qui pèse sur un dollar atone. Ainsi, nous maintenons notre surpondération de cette classe d’actifs obligataire.

La dette en devise locale des marchés émergents a montré quelques signes de vie ces deux derniers mois après avoir été à la peine au cours du premier semestre. Pénalisée par un dollar fort, par les tensions commerciales entre les États-Unis et la Chine et les problèmes sur quelques marchés, notamment la Turquie et l’Argentine, cette classe d’actifs trouve grâce aux yeux d’investisseurs qui croient de nouveau en son potentiel. Un coup de frein ou même un simple ralentissement du programme de resserrement monétaire de la Fed pourrait donner naissance à un environnement propice qui permettrait aux obligations émergentes de reprendre une plus grande partie du terrain cédé cette année. Même après un récent rebond, le principal indice de la dette émergente libellée en devise locale - le JPM GBI-EM Global Diversified - s’affiche en retrait de 12% par rapport à son point haut d’avril.

à la recherche de dette locale

Indice composite JPM GBI-EM Global Diversified, rendement total. Réindexé pour afficher une base 100 au 27.11.2017.

graphique des obligations émergentes
Source: Thomson Reuters Datastream. Données du 27.11.2017 au 27.11.2018 

Nous avons réduit nos positions en bons du Trésor américain étant donné que l’euphorie déclenchée par l’intervention de M. Powell a poussé les rendements à 10 ans des bons du Trésor américain sous la barre des 3% pour la première fois depuis septembre. Les marchés tablent à présent sur une seule hausse de 25 points de base en 2019 après un premier relèvement au cours de ce mois. À l’inverse, en octobre, une hausse était attendue en décembre, mais aussi deux ou trois supplémentaires en 2019. Nous avons eu tendance à utiliser les bons du Trésor comme couverture contre certaines autres positions. C’est à présent moins important car nous avons opté pour un positionnement neutre sur les obligations et les actions.

Les obligations du gouvernement allemand, qui affichent un rendement de 2,2% depuis le début de l’année, sont la classe d’actifs la plus chère de notre tableau de valorisations et elles ont dépassé les obligations des entreprises européennes depuis quelques mois. Nous conservons donc la sous-pondération de la dette souveraine allemande. Nous maintenons également notre positionnement stratégique baissier sur le crédit en raison du durcissement des conditions d’accès aux liquidités, du pic atteint par la croissance des bénéfices et de la dégradation de la qualité de crédit. Par ailleurs, les taux de défaut des entreprises semblent eux aussi avoir touché leur point bas.

En outre, nous restons surpondérés vis-à-vis de l’or, qui s’est bien comporté cette année et constitue encore une bonne couverture contre toute hausse-surprise de l’inflation. L’association d’un affaiblissement de la dynamique économique, d’un changement de ton de la Fed et de pressions inflationnistes toujours en hausse constitue un soutien fort pour le métal jaune. 

Le point haut enregistré aux États-Unis, auquel s’ajoute le discours conciliant de la Fed, pourrait également bloquer toute hausse du dollar, qui se négocie actuellement à des niveaux très élevés, environ 15% supérieurs à la juste valeur donnée par nos modèles.

04

Revue de marché: chute du pétrole

Les marchés des matières premières ont fait les manchettes en novembre: les cours du pétrole ont connu leur plus fort repli de la décennie avec la plus forte augmentation de la production de la part de l’Arabie Saoudite en 80 ans, malgré un ralentissement de la croissance économique. Le Royaume a indiqué avoir augmenté sa production journalière à 11,2 millions de barils, contre 10,8 millions auparavant, en réponse aux injonctions américaines pour une baisse des cours. 

Alors que les préoccupations des investisseurs au sujet d’éventuels excédents d’offres augmentaient, le prix du Brent a reculé de plus de 20%, plongeant sous les 60 USD, après avoir atteint 85 USD en octobre.

PLONGEON DU BRUT
Cours comptant du pétrole Brent, USD/baril
graphique du cours du pétrole
Source: Thomson Reuters Datastream. Données couvrant la période allant du 26.11.2013 au 27.11.2018.

Ailleurs, les classes d’actifs plus risquées ont eu le vent en poupe et ont comblé une partie des fortes pertes subies au cours des mois précédents. Les investisseurs ont été revigorés par les commentaires étonnamment conciliants de la Fed, tandis que les espoirs de voir les États-Unis et la Chine signer un armistice à leur conflit commercial ont dopé un peu plus les actions.

Les actions, les obligations et les monnaies des marchés émergents ont affiché les performances les plus fortes. L’indice d’actions MSCI Emerging Market a terminé en hausse de 4% tandis que son homologue consacré aux obligations en devise locale a gagné plus de 2,5%. La roupie indienne, le rand sud-africain et la livre turque ont rebondi face au dollar, accrochant des gains d’au moins 6%.

Les actifs des pays développés ne se sont pas aussi bien comportés que leurs homologues des marchés émergents, mais ils ont tout de même terminé dans le vert. L’indice MSCI World a gagné quelque 1,5% en devise locale, tandis que les obligations souveraines étaient également en hausse, grâce au rebond des bons du Trésor américain permis par la Fed. Le rendement des titres de référence à 10 ans est brièvement tombé sous les 3%.

Malgré la reprise de novembre, les actifs des marchés émergents devraient terminer 2018 en net recul. Depuis le début de l’année, les actions des marchés émergents ont perdu 12% tandis que les obligations des marchés émergents libellées en devise locale affichent des baisses d’environ 7%.

05

En bref

baromètre décembre 2018

Allocation d’actifs

Nous passons les actions et les obligations au neutre, contre des positionnements respectifs précédents surpondérés et sous-pondérés.

Secteurs et régions des actions

Nous continuons de privilégier les actions japonaises et des marchés émergents. Les États-Unis restent le marché le moins attractif. 

Obligations et monnaies

Nous réduisons légèrement notre position en bons du Trésor américain à une simple surpondération.