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Les vues de marché de Frédéric Rollin, Conseiller en stratégie d’investissement chez Pictet Asset Management

Les marchés n’intègrent pas la gravité du choc sur l’économie.
Juillet 2020

Frédéric Rollin

Alors que l’activité économique se situe à un niveau encore très faible et que les risques sanitaires persistent, les marchés résistent. Une déconnexion très forte, donc, qui nous incite à la prudence dans nos portefeuilles.

Au début du mois de juillet, le cap des 10 millions de cas déclarés de Covid-19 dans le monde a été franchi et les Etats-Unis font face à un inquiétant rebond du nombre de contaminations. Une situation qui ne se perçoit pas encore sur les marchés. Si l’on observe les chiffres du deuxième trimestre, la divergence est massive entre l’économie réelle et la Bourse.

Alors que nous venons de traverser le pire trimestre de l’histoire sur le plan économique, nous avons assisté à l’une des meilleures performances du marché.

Une déconnexion qui continue de s’expliquer par le phénomène TINA, « there is no alternative ». Les placements obligataires ne rapportent quasiment plus rien. Dès lors, pour obtenir un peu de rendement, les investisseurs se tournent vers les actions et acceptent de les payer au prix fort. Les multiples de valorisations sont ceux d’un marché totalement euphorique. Certes, les anticipations économiques, grâce aux interventions des banques centrales, sont meilleures, et l’activité a redémarré fortement en Chine. Mais ces bonnes nouvelles sont déjà intégrées dans les cours. La dégradation de l’économie, elle, ne s’y trouve pas. Pourtant, la situation reste critique.

La prime de risque augmente aux Etats-Unis et se réduit en Europe

Malgré un recul du chômage aux Etats-Unis, les chiffres restent élevés. La plupart des entreprises ont abordé la crise avec une situation de trésorerie tendue, et aujourd’hui les faillites se multiplient. En outre, en raison des élections qui se tiendront en novembre aux Etats-Unis, la prime de risque est forte sur les marchés américains. A l’inverse, elle tend à se réduire en Europe : des efforts ont été produits dans la consolidation européenne, une partie de la dette sera vraisemblablement portée de façon collective par les nations. Nous mettons donc en place une stratégie davantage portée vers les actions européennes que vers les titres américains. Nous restons toutefois encore à l’écart des valeurs britanniques malgré les progrès du Brexit.

En Chine, l’impulsion du crédit est bonne, les indices PMI sont repartis à la hausse et la pandémie est contenue. La possible victoire aux Etats-Unis de Joe Biden laisse penser que le climat commercial pourrait se détendre. En outre, les marges s’améliorent et les valorisations sont encore modestes, nous restons donc très investis sur les actions chinoises et sur le continent asiatique. Les matières premières sont aussi tirées vers le haut par la reprise chinoise. Le bois pourrait notamment en profiter avec la remontée de la construction.

L’or joue un rôle d’amortisseur dans les portefeuilles

Nous avons réduit notre surpondération dans le secteur technologique pour prendre nos bénéfices. Néanmoins le secteur conserve d’excellents fondamentaux et si une consolidation technique intervenait, nous pourrions reprendre des positions. Pour les mêmes raisons, nous avons aussi encaissé quelques bénéfices dans le secteur de la santé. Nous maintenons nos positions dans les valeurs environnementales. Immobilier, e-mobilité, eau et énergie, ainsi que toutes les sociétés qui travaillent à une meilleure efficacité énergétique, vont bénéficier des plans verts.

Du côté du crédit, nous maintenons également nos positions dans les pays émergents, et notamment sur l’Amérique latine où les devises ont pourtant décroché. Mais nous pensons que le dollar, qui s’est apprécié avec la crise, est aujourd’hui plus fragile, et pourrait baisser. Ceci plaide en faveur des investissements en devise locale. Pour les crédits aux entreprises, nous restons intéressés par les emprunts à haut rendement, mais avec des durations de court terme.

Enfin, nous restons très investis sur l’or. A l’heure où les placements obligataires ne peuvent plus jouer leur rôle d’amortisseur, l’effet protecteur du métal jaune dans les portefeuilles monte en puissance.

L'essentiel à retenir

  • Les mauvaises nouvelles économiques et sanitaires s’amoncellent.
  • Elles ne sont pas encore visibles dans les cours de Bourse, dopés par le besoin de rendement des investisseurs, quel que soit le prix à payer.
  • Nous restons prudents, avons encaissé quelques bénéfices sur la santé et les technologies et tablons sur l’effet amortisseur de l’or.