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Investissement thématique

Août 2022
Communication marketing

Le trilemme énergétique : agir et investir

Urgence climatique, tensions géopolitiques, progrès technologiques… Les facteurs d’accélération de la transition énergétique se multiplient. " Les producteurs de panneaux solaires ou d’éoliennes sont bien loin d’être les seuls acteurs concernés ", nous explique Xavier Chollet, Gérant de la stratégie Clean Energy de Pictet Asset Management.

Pouvez-vous nous expliquer le trilemme auquel le secteur énergétique est soumis?

Les évolutions de nos systèmes énergétiques sont guidées par trois moteurs : la sécurité d’approvisionnement, une logique économique de rentabilité et de coût abordable, et le respect de l’environnement. On parle ici d’un trilemme car ces objectifs étaient jusqu’il y a peu antagonistes à maints égards. Par le passé, les énergies renouvelables en particulier ont été perçues comme inaptes à réconcilier ces trois dimensions.  Les priorités et les moyens ont considérablement évolué ces dernières années. Les dynamiques à l’œuvre ont complètement changé.

Comment la lutte contre le changement climatique change-t-elle la donne?

L’impact gigantesque du changement climatique ne peut plus être nié. La production d’énergie verte est passée du statut de désirable à impérieuse pour de nombreux gouvernements. De plus en plus d’entreprises s’engagent aussi dans des promesses de décarbonation : selon l’Agence Internationale de l’Energie, les Etats engagés aujourd’hui dans ces processus sont responsables de 80% des émissions globales – contre seulement 20% il y a 2 ans.

Mais le renouvelable est-il aujourd’hui plus compétitif qu’avant?

Les coûts associés à la production d’électricité verte ont drastiquement diminué. Pour le solaire, la baisse est de 80% en 10 ans. Pour l’éolien, on parle d’une baisse de 45% sur la même période. Aujourd’hui, dans beaucoup d’endroits au monde et lorsqu’on les déploie à une échelle industrielle, les productions d’énergie solaire et éolienne assurent un coût du Mégawatt/heure moindre que toute autre source fossile. C’est là un changement majeur alors que la compétitivité du nucléaire reste, elle, grevée par les coûts de construction de nouvelles centrales.

La sécurité d’approvisionnement en énergies fossiles pose aussi de nouveaux défis.

Le conflit en Ukraine révèle la très forte exposition de nombreux pays à des risques géopolitiques liés à l’importation d’énergies fossile et dont les conséquences ont un impact direct sur l’économie. On comprend l’accélération de la transition vers des ressources énergétiques locales et renouvelables, singulièrement en Europe.

Mais la sécurité d’approvisionnement est aussi liée à la continuité – le point faible des énergies renouvelables dont la production dépend des conditions météorologiques. Or là aussi, les progrès sont notables. Le coût des batteries lithium-ion a diminué de 88% en 10 ans. Des batteries de grande capacité voient le jour, elles permettent de dispenser la nuit l’énergie solaire accumulée en journée. Sans parler des développements futurs très prometteurs de l’hydrogène vert, produit à base d’énergie renouvelable.

Dans beaucoup d’endroits au monde et lorsqu’on les déploie à une échelle industrielle, les productions d’énergie solaires et éoliennes assurent un coût du Mégawatt heure moindre que toute source fossile

Xavier Chollet

Quel sera l’impact sur les individus et les entreprises?

Pour les citoyens, l’augmentation du prix des carburants devrait accélérer l’adoption de véhicules électriques et de systèmes de chauffages alternatifs - solaire ou pompes à chaleurs - dont la rentabilité est aujourd’hui meilleure et plus prévisible. Les entreprises vont, quant à elles, tenter d’assurer la visibilité de leurs coûts en sécurisant des contrats énergétiques à long terme et en investissant dans leur propre efficience énergétique.

Le marché va donc complètement changer?

Aujourd’hui les groupes gaziers et pétroliers bénéficient de la hausse des prix. Mais à moyen-long terme, nous voyons un shift s’opérer des carburants fossiles vers l’électrique, une multiplication par 4 des capacités éoliennes et solaires entre 2020 et 2030 et une recherche active d’efficience énergétique par tous les utilisateurs. Cette évolution se traduit déjà dans notre univers d’investissement. Celui-ci englobe d’abord des acteurs de l’offre comme des producteurs et distributeurs d’énergie verte. Nous y comptons aussi des acteurs qui influent sur la demande et permettent de diminuer la consommation, comme les technologies d’isolation des bâtiments. On y trouve aussi des technologies accélératrices, comme les sociétés dont les logiciels, capteurs et semi-conducteurs sont utilisés dans l’optimisation énergétique des chaines de production, bâtiments ou data centers. Y figurent également des acteurs de la mobilité intelligente, du stockage électrique ainsi que des producteurs de semi-conducteurs dont la présence est démultipliée dans les véhicules électriques.

Quels risques pèsent sur les acteurs de la transition?

Certains acteurs sont exposés aux disruptions de la chaine logistique mondiale. Cependant, la composition de notre portefeuille en tient compte depuis un certain temps. Ainsi, nous avons revu nos positions sur certaines sociétés dans le solaire et l’éolien. Par ailleurs, on pourrait craindre que l’inflation et la hausse des taux, qui fragilise traditionnellement les valeurs de croissance, entament la confiance. Mais ce n’est pas ce que nous observons, en particulier pour les sociétés qui disposent de hautes barrières technologiques à l’entrée. Leurs positions concurrentielles et leurs pouvoirs de fixation des prix sont solides. Tout comme nos convictions.