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Nutrition: la restauration hors domicile

Septembre 2018
Communication marketing

Pourquoi les repas à emporter deviennent-ils une saine obsession?

Alors que nos habitudes alimentaires changent des sociétés mettent au point de nouvelles méthodes pour produire des plats préparés plus sains et plus respectueux de l’environnement. Les investisseurs aussi peuvent s'en réjouir.

Tout nouvel élément de confort apporte avec lui ses propres inconvénients. C’est notamment le cas dans l’alimentation. Alors que nous sommes de plus en plus nombreux à dîner dehors ou à nous faire livrer pour nous simplifier la vie, nous mettons en jeu notre santé et nuisons à l’environnement.

Les statistiques montrent un changement clair et radical dans nos habitudes alimentaires.

Pour la première fois, les Américains dépensent plus pour la restauration hors domicile (qu’il s’agisse de manger au restaurant, d’acheter une collation dans un magasin ou de se faire livrer un repas chez soi) que pour l’alimentation préparée à la maison. Les ménages américains dépensent plus de 730 milliards de dollars par an pour manger hors de chez eux. Cela représente la plus grosse part (43%) de leur budget alimentaire total (voir le graphique).

La restauration hors domicile: plus qu’une simple mode
Dépenses alimentaires totales par catégorie en millions d’USD; part de la restauration hors domicile des ménages dans les dépenses alimentaires
Dépenses alimentaires annuelles totales
Source: département américain de l’Agriculture. Calculs du Service de recherches économiques, USDA, à partir de différents ensembles de données issues du Bureau du recensement américain et du Bureau des statistiques du travail. Les dépenses liées à la restauration hors domicile totales comprennent les dépenses d’alimentation et de repas financées par d’autres sources, contrairement aux dépenses liées à la restauration hors domicile des ménages (échelle de droite).

Ce phénomène ne se limite pas aux États-Unis. Il a également lieu dans d’autres pays développés ainsi que sur les marchés émergents, où l’on retrouve une population urbaine croissante et aux revenus disponibles supérieurs.

Cette situation masque toutefois une réalité moins positive: la restauration hors domicile est moins saine et augmente la pollution.

Régime alimentaire externalisé: la vitesse prime sur la qualité

Des études universitaires ont montré que la qualité des régimes alimentaires pâtissait de la restauration hors domicile. Cette dernière augmente la proportion de graisses saturées et solides dans notre apport calorique total, mais aussi le niveau de sucre pour 1 000 calories quotidiennes consommées, des substances qui sont reconnues comme des causes d’obésité et de maladies chroniques. Pour un adulte moyen, un repas consommé hors domicile par semaine augmente l’apport énergétique quotidien d’environ 134 calories et ajoute un kilogramme à notre poids chaque année1.

Le coût est également économique. On estime que le coût du traitement des maladies liées à un régime alimentaire de mauvaise qualité s’élève à 2 000 milliards de dollars, ou 2,8% du PIB mondial2.

L’environnement subit aussi les conséquences de ces choix. Les recherches montrent que la restauration hors domicile augmente les déchets alimentaires, ce qui représente un risque écologique dont l’empreinte carbone est plus élevée que celle de l’Inde, le troisième émetteur mondial de gaz à effet de serre. 

Le prix de l’externalisation de notre alimentation

Apports calorique et en nutriments moyens des Américains âgés de 2 ans et plus

Apports calorique et en nutriments moyens

Source: USDA, «Nutritional Quality of Food Prepared at Home and Away From Home» (Qualité nutritionnelle de la nourriture préparée à domicile et hors domicile), 1977-2008, décembre 2012

Compte tenu de l’évolution de la structure et des modes de vie des ménagesla demande en plats préparés ne peut que progresser.

Néanmoins, alors que les coûts de l’expansion de la restauration hors domicile deviennent évidents, le secteur va subir des pressions pour proposer des repas plus sains et de façon plus durable.

Selon les membres du Conseil consultatif de Pictet-Nutrition, cela pourrait générer un grand nombre de possibilités d’investissement dans le secteur des technologies alimentaires. Elles pourraient porter sur des sociétés qui mettent au point de nouvelles technologies et des processus qui augmentent la quantité de micronutriments présents dans les plats préparés, ou qui améliorent les emballages.

Les ingrédients pour réussir

Les plats préparés sont souvent riches en calories mais pauvres en nutriments, étant donné qu’ils doivent passer par différentes opérations de traitement pour être moins périssables, un résultat obtenu traditionnellement en congelant, en séchant ou en ajoutant du sucre, de l’amidon, des graisses saturées et d’autres additifs.

Cependant, des industriels ont récemment commencé à mettre au point différentes technologies nouvelles qui s’appuient sur les méthodes traditionnelles de préservation des aliments, comme le recours à une forte chaleur ou à des basses températures, pour améliorer le goût et allonger la durée de vie des produits sans devoir utiliser d’ingrédients néfastes.

Par exemple, certaines sociétés projettent des rayons ultraviolets, des fréquences radio et des faisceaux d’électrons afin d’améliorer une méthode appelée pasteurisation éclair, qui utilise une forte chaleur pour tuer les micro-organismes comme les moisissures et les bactéries. D’autres élaborent une version froide de la pasteurisation à chaud, appelée traitement par «pression à froid», qui utilise les basses températures et une pression élevée pour éradiquer les micro-organismes. 

Dans d’autres secteurs de la chaîne alimentaire, certains fournisseurs ont lancé des emballages de nouvelle génération pour assurer la sécurité des aliments et préserver leur fraicheur et leurs qualités nutritionnelles sans nuire au côté pratique. Ces technologies comprennent des capteurs évolués, des codes QR et des étiquetages intelligents, mais aussi des conditionnements sous atmosphère modifiée , ou «oxygène réduit».

Les sociétés qui proposent des produits et des services comme des entrepôts réfrigérés ou des systèmes de distribution à température contrôlée sont également clés pour renforcer les infrastructures de la chaîne du froid et contribuer à étendre la durée de vie des aliments frais.

Tous ces services et toutes ces technologies, dont l’adoption s’accélère grâce à la prise de conscience croissante des consommateurs au sujet de leur santé et de leur bien-être, ont le potentiel de rendre les plats préparés à la fois plus rapides et plus sains. Tout cela a peut-être déjà commencé: des recherches du département américain de l’Agriculture ont montré que certains effets négatifs de la restauration hors domicile sur la qualité du régime alimentaire ont reculé au fil des ans, notamment sur le plan de la consommation de céréales complètes, de sodium et de légumes4.

Les plats préparés de l’avenir seront peut-être encore plus pratiques, plus sains et plus accessibles et abordables.

Des graines de chia pour tous?

Rendre la restauration hors domicile plus saine entraînera également un autre problème: l’inégalité alimentaire.  

Comme le soulignent les membres de notre Conseil Consultatif, les plats préparés sains actuellement proposés, comme les conserves de myrtilles, les bols de quinoa ou les jus verts pressés à froid, excluent bien souvent les familles aux revenus les plus faibles. Ces dernières n’ont pas suffisamment de moyens pour des ingrédients aussi exotiques et elles n’ont pas non plus accès à des grandes surfaces. Ces groupes socioéconomiques se tournent plutôt vers des aliments préparés très transformés, très caloriques et peu onéreux qu’ils trouvent dans les boutiques locales.

La vision de George Orwell sur la Grande-Bretagne des années 1930 est toujours juste: les pauvres dépensent plus pour du pain blanc, de la margarine, du corned-beef, du sucre, du thé et des patates que pour des légumes, du lait et des fruits. «Moins on a d’argent, moins on a tendance à le dépenser pour acheter des aliments de bonne qualité... Le pain blanc tartiné de margarine et accompagné de thé sucré ne nourrit absolument pas, mais c’est meilleur (du moins pour la plupart des gens) que du pain bis à la graisse de bœuf et de l’eau froide», écrivait-il5.

Il existe plusieurs façons de lutter contre l’inégalité alimentaire. Selon notre Conseil Consultatif, les sociétés alimentaires spécialisées disposent d’opportunités pour construire des marques mondiales solides et inclusives qui produisent des aliments sains et de qualité pour un marché de masse. Cette évolution, associée à des programmes communautaires proposant une éducation à la nutrition et des plans de maintien d’un poids sain, permettra certainement d’améliorer notre régime alimentaire. 

Les plats préparés de l’avenir seront peut-être encore plus pratiques, plus sains et plus accessibles, mais aussi plus abordables.